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À la une de l’hebdo. La Russie selon Poutine

Écrit par le 13 mars 2024


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À la fin, il ne restera qu’un, et ce sera Vladimir Poutine. Au sommet du pouvoir depuis plus de vingt ans – avec un interlude comme chef de gouvernement entre 2008 et 2012 –, le président russe se succédera à lui-même, sans l’ombre d’un doute, dimanche 17 mars (le vote se déroule sur trois jours à partir du 15). Le maître du Kremlin vise 80 % des suffrages dans ce qui s’annonce d’abord comme un plébiscite pour la poursuite de la guerre en Ukraine. C’est en tout cas la volonté affichée du pouvoir, qui a verrouillé l’élection, recalant six candidats, parmi lesquels Boris Nadejdine, le seul ouvertement pacifiste.

Il y a quinze jours à Moscou, des milliers de Russes avaient rendu hommage à Alexeï Navalny, mort le 16 février dans une colonie pénitentiaire en Arctique. Combien seront-ils à oser défier le régime le jour du scrutin ? C’est l’une des rares inconnues de cette élection. Ioulia Navalnaïa, la veuve de l’opposant, a appelé les Russes à manifester leur hostilité à Poutine en votant en masse à la même heure, à midi pile, le 17 mars, pour submerger les bureaux de vote. Pas sûr qu’elle soit entendue.

Car comme l’explique très bien Alexeï Levinson au quotidien tchèque Denik N, “les Russes ont besoin de Poutine pour se rassurer”. Dans la passionnante interview qu’il a accordée à la journaliste Petra Prochazkova, le sociologue explique ainsi la longévité politique du président russe :

“La description la plus précise de la relation qu’entretiennent les Russes avec leur leader est la volonté de préserver le statu quo. Il s’agit de laisser les choses en l’état […]. Les Russes sont convaincus, non sans fondement, que tout changement ne peut être que négatif. Ils tiennent cette idée de leurs parents, de leurs grands-parents…”

Pour Alexeï Levinson, Poutine a su rendre à la Russie son statut de puissance, et c’est cela qui prime aux yeux de ses concitoyens.

Une interview d’autant plus forte qu’Alexeï Levinson enseigne et vit à Moscou. C’est une voix de l’intérieur. De celles que l’on entend rarement. Ce n’est pas celle d’un dissident, mais d’un esprit critique sans aucun doute. Et ces voix-là sont devenues inaudibles et trop rares depuis le début de la guerre en Ukraine, il y a deux ans.

Le portrait de la Russie qu’il dessine entre en résonance avec les autres articles que nous avons retenus en préparant ce dossier, assez complexe à organiser. Pour des raisons évidentes, il nous paraissait inenvisageable de ne traduire que la presse “officielle” russe pour raconter la Russie aujourd’hui. Entre la propagande, les outrances et les omissions, le tableau aurait été incomplet. Nous avons donc choisi de consacrer douze pages (et une série quotidienne sur le site qui inclut des articles inédits) pour mieux comprendre comment Poutine a radicalement transformé la société russe en quelques années. Avec des points de vue très différents. Depuis deux ans, de nombreux journalistes russes ont fui le pays et la censure du régime, qui continue de parler d’“opération spéciale en Ukraine”. Il nous semblait impératif de les faire entendre.

Ce que montre notre dossier, ce sont les ressorts sur lesquels s’appuie Vladimir Poutine pour asseoir son pouvoir et renforcer son emprise sur la société. En réprimant toute dissidence, comme l’explique Novaïa Gazeta Europe, et en exaltant les valeurs patriotiques. Le président russe, qui se pose aujourd’hui en héraut des valeurs familiales, s’est lancé dans une croisade en défense de la patrie, contre les homosexuels et les valeurs occidentales. “Le système actuel, des médias jusqu’aux instances juridiques, policières et punitives, s’est mis en mode police des mœurs”, écrivait récemment le quotidien Nezavissimaïa Gazeta. Quant au monde de la culture, il est en voie de “nationalisation” : “Dans les théâtres et les musées, autrefois au cœur d’une scène culturelle indépendante en effervescence, les spectacles et les expositions critiques sont censurés, des artistes se retrouvent derrière les barreaux ou en exil”, explique Pjotr Sauer dans The Guardian.

Plus que jamais, Vladimir Poutine s’est lancé dans une guerre de civilisation. Et l’ennemi, c’est l’Occident, contre lequel il se pose en rempart, explique Andreï Tsygankov dans Rossia v Globalnoï Politiké. “À l’heure actuelle, l’occidentalisme est marginalisé [en Russie], en raison non seulement du discrédit dans lequel est tombée la politique étrangère menée par l’Occident, mais aussi de la perte de prestige des Occidentaux dans le monde sur le plan des valeurs.” Bonne lecture.

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