« Arthur Rambo » : Laurent Cantet sur les pas de Mehdi Meklat

Le cinéaste revient sur l’ascension du jeune homme stoppée par la révélation de tweets antisémites et homophobes.

Né en 1992 à Clichy (Hauts-de-Seine), ayant grandi avec sa mère, divorcée, dans une HLM de Saint-Ouen (Seine-Saint-Denis), Mehdi Meklat incarne l’exemple d’une trajectoire de réussite à la fois fulgurante et exemplaire des bienfaits de la diversité : entré au Bondy Blog en 2007, chroniqueur à France Inter en 2010, réalisateur de documentaires et romancier à compter de 2015, créateur de revue en 2017. La profusion des talents impressionne, les médias l’encensent, l’intégration au monde culturel est à la hauteur de ces accomplissements. Tout cela est pourtant mis à mal en février 2017 lors de son passage à l’émission « La Grande Librairie », dans le sillage de laquelle est divulguée sur les réseaux sociaux une série de tweets délibérément scandaleux postés par le jeune homme depuis 2011 sous le pseudonyme de Marcelin Deschamps.

Homophobie, misogynie, racisme, antisémitisme, apologie du terrorisme, tout y est. « Il fallait lui casser les jambes à ce fils de pute » (sur Alain Finkielkraut) ; « Charb, j’ai juste envie de l’enculer avec des couteaux Laguiole » (sur le dessinateur de Charlie Hebdo qui perdra la vie dans l’attentat dirigé contre le journal) ; « Vive les PD vive le sida avec Hollande » ; « Faites entrer Hitler pour tuer les juifs » ; « Ben Laden me manque »… L’abjection consiste non seulement à appeler la mort sur des vivants, mais à cracher sur les victimes. Les mots ne sont pas les actes, mais certains mots, en connaissance de certains actes, demandent à être comptés comme tels.

Source: Le Monde