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Chatouiller les pleurs par le rire

Écrit par le 15 avril 2024


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Créé au Chêne noir d’Avignon en 2014, « Les Chatouilles ou la danse de la colère » a d’abord été adapté au cinéma. Dix ans, un Molière et deux Césars plus tard, le seule-en-scène d’Andréa Bescond n’a (hélas) pas pris une ride. Au Théâtre de l’Atelier, dans la mise en scène d’Eric Métayer, la danseuse comédienne replonge dans le récit d’Odette (son quasi-double fictionnel) pour exorciser un traumatisme de viol par la danse et le rire.

Ce titre enfantin de « Chatouilles » renvoie, non pas à d’innocents jeux tactiles, mais bien aux manipulations d’un adulte pédophile. En l’occurrence, Gilbert profite de ses visites chez un couple d’amis pour retrouver Odette, 8 ans à peine, en cachette dans la salle de bains.

Pour échapper à la douleur de ces rendez-vous interdits, la jeune fille se sauve dans et par la danse, les shots et les rails de coke. Devenue jeune femme, elle veut recoller les morceaux de son enfance et renouer avec sa mère, emmurée dans le déni. Au fil des allers-retours entre souvenirs, séances de thérapie et fantasmes, Andréa Bescond donne corps et voix à une vie de tabous.

Exutoire salutaire

Avec ses jeux de lumières et ses transitions rythmées, la mécanique du spectacle est d’une précision impeccable. Du gala de danse du village aux tournées mondiales des comédies musicales, Odette danse sur « Coppélia » et sur « Mamma Mia » comme il lui chante. Dans cette odyssée intérieure où l’imagination ne souffre d’aucune limite, Andréa Bescond prend tous les rôles à bras-le-corps.

Passant d’un personnage à l’autre avec une fluidité et une énergie brillantes, elle maîtrise aussi bien le phrasé occitan de la prof de danse que le verlan de Manu, le pote alcolo-toxico d’Odette. Entre sketch et confessions, la comédienne et féministe engagée met aussi le doigt sur des stéréotypes qui infusent le monde de l’art chorégraphique. Assignations genrées, hypersexualisation des corps, précarité des contrats, autant de violences qu’elle traverse par ses gestes convulsifs et contorsionnés.

Face à ces sujets lourds, l’autrice a su trouver un subtil équilibre entre une ironie mordante et irrévérencieuse, et une pudeur tout en délicatesse. A l’évocation des agressions traumatisantes lors du procès de Gilbert, ses mots restent muets tandis que la musique et la danse prennent le relais.

Entre la création et la reprise actuelle, #MeToo et #BalanceTonPorc sont passés par là. Aujourd’hui, son texte entre en résonance avec les voix qui ébranlent le monde du cinéma et évoque les affaires de violence policière et judiciaire. En une décennie, Andréa Bescond a fait des « Chatouilles » un exutoire salutaire et poursuit son chemin de résilience, main dans la main avec son enfance.

Les Chatouilles ou la danse de la colère

Théâtre

d’Andréa Bescond.

Mise en scène d’Eric Métayer. 1 h 40.

Jusqu’au 1er juin, au Théâtre de l’Atelier (Paris).

theatre-atelier.com

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