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« Civil War » : Alex Garland de guerre lasse

Écrit par le 16 avril 2024


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Aucun pays n’a plus fantasmé sa propre destruction que les Etats-Unis. Si la France triomphe sur le podium mondial du pessimisme, au cinéma, les paysages de villes pulvérisées par les météorites et autres attaques extraterrestres restent singulièrement américains. Généralement, la fin du monde commence à New York City.

Passé un incipit à la Maison-Blanche, « Civil War » s’ouvre donc sous les tours de Manhattan. Ça tire de tous les côtés, les chars rampent sur la Ve avenue, une voiture explose. Lee (Kirsten Dunst), photojournaliste rodée, sauve de justesse Jessie (l’actrice de « Priscilla », Cailee Spaeny), une collègue imprudente, à peine sortie de l’adolescence. Dans ce futur proche, l’Amérique est en proie à une nouvelle guerre civile dont les causes restent obscures. Les armées du Texas et de la Californie font front contre les troupes d’un gouvernement fédéral moisi. Dans le Bureau ovale se décompose l’autocrate qui refuse de céder le pouvoir après trois mandats. Les dés sont jetés, d’un jour à l’autre, Washington va tomber.

Lee, son partenaire tête brûlée Joel (Wagner Moura) et Sammy (Stephen McKinley Henderson), un vieux renard des rédactions, partent rejoindre la capitale pour couvrir la chute du régime.

Souvenirs du Capitole

« Civil War » mêle le film de guerre et le road-movie. Le quatuor dévale une route qui évoque le fleuve maudit d’« Apocalypse Now ». A chaque escale, ils croisent des situations de plus en plus extravagantes. Ici, on se bat pour de l’eau. Là gisent des corps torturés, suspendus aux potences improvisées d’un lave-auto. Plus loin, le long d’une highway ponctuée de véhicules incendiés, on se canarde parmi des décorations de Noël en plein été.

Tout ceci paraît capturé sur le vif, volé à la réalité à la façon d’un documentaire. « Civil War » est un film de science-fiction sans gadget ni décor spectaculaire. La photo ne minaude pas, les cadrages tranchent comme le verre. L’avenir d’Alex Garland ressemble tellement au présent que son scénario catastrophe pourrait bien se dérouler demain.

L’effet s’avère d’autant plus percutant que ces images sont hantées par des souvenirs récents. En effet, face à ces foules furieuses et ces personnages hallucinés par la haine, comment ne pas revivre l’attaque du Capitole par les partisans de Donald Trump ?

Ce 6 janvier 2021, cinq personnes ont trouvé la mort à Washington. Cinéaste britannique, Garland n’a fait qu’étendre l’évènement à très grande échelle. Comme si ce jour d’hiver vertigineux annonçait un ouragan historique plus dévastateur encore.

Profession : reporter

Dans ces décors de décombres, « Civil War » devient un bel hommage au métier de reporter. Ces héros ont deux fonctions : informer leurs contemporains et témoigner pour leurs descendants. Ainsi, plongés dans le désespoir du présent, les journalistes travaillent aussi pour l’avenir.

Incarnée avec classe par une Kirsten Dunst glaciale et tourmentée, Lee est l’homonyme de la mythique photographe des années 1940 Lee Miller. Elle s’impose surtout, à sa façon, comme sa réincarnation. Car plus l’équipée progresse vers la capitale et vers l’enfer, plus « Civil War » écrit le récit d’une transmission.

L’épilogue explosif résumera le propos d’Alex Garland, lui-même fils d’un dessinateur de presse anglais. Sous nos yeux, le monde s’effondre de façon spectaculaire. Puis dans la poussière jaillit le germe d’une nouvelle génération, l’aube timide d’une reconstruction et la possibilité d’un lendemain.

Civil War

film américain

d’Alex Garland

avec Kirsten Dunst, Cailee Spaeny, Wagner Moura. 1 h 49.

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