Colère des agriculteurs : l’insaisissable Monsieur Rousseau

Savez-vous que le revenu des agriculteurs a progressé de 48 % en 2021-2022 ? Quand les conseillers de l’exécutif glissent mine de rien au journaliste ce genre de chiffre, il faut s’y arrêter : le dialogue social se tend. Quand ils ajoutent qu’autoriser l’épandage des pesticides jusqu’aux habitations serait rejeté par l’opinion, il n’y a plus de doute. Ils ciblent la FNSEA qui demande justement de revenir sur les ZNT (zones de non-traitement).

Si la colère agricole se radicalise, c’est la faute à Rousseau, entonne en coulisse le gouvernement, à Arnaud Rousseau s’entend, le patron du premier syndicat agricole.

Des discussions nourries

Dix jours après le début du conflit, la question revient en boucle : est-il fiable, peut-on lui faire confiance ? La semaine a pourtant mieux commencé que la précédente. Gabriel Attal a reçu lundi pendant trois heures trente les patrons de la FNSEA et des Jeunes agriculteurs. Il a recommencé mardi deux heures et demie. Les discussions ont été nourries, le gouvernement étant prêt à reprendre l’essentiel des revendications agricoles , exceptées celles concernant les produits phytosanitaires.

Oui mais si le Premier ministre les annonce, pourra-t-il compter sur son interlocuteur pour dire sa satisfaction et appeler à lever le mouvement ? Cela se passe ainsi dans le dialogue social, en général. Gabriel Attal ne peut pas se permettre de lâcher du lest sans être sûr de stopper le mouvement. En général… mais pas là. Arnaud Rousseau peine à toper. Craint-il de ne pas être suivi de sa base ? L’exécutif lui court après. La tension monte. Quelle prise avoir sur lui ?

Le contact direct avec Macron

Le jeu du chat et de la souris ne déplaît pas à l’intéressé. Sûr de lui, il est du genre à déclarer de but en blanc au Premier ministre « Moi je parle directement au président de la République ». Il connaît bien Bruno Le Maire qu’il tutoie et n’oublie jamais d’en faire mention. Vous l’aurez compris, ce n’est pas n’importe qui. Arnaud Rousseau vit dès lors très mal la décision prise la semaine dernière par Gabriel Attal de s’afficher avec Jérôme Bayle, leader du mouvement en Haute-Garonne, pour annoncer son premier train de mesures .

Un discours politicien de carton-pâte, juge-t-il, en reprochant au Premier ministre de ne l’avoir averti qu’une heure avant les annonces. Entre eux, l’explication de gravure est musclée. Maladresse du Premier ministre ou désir de le contourner ? Arnaud Rousseau prend l’offense personnellement et fait monter les enchères. De toute façon, il n’y a pas de règlement du conflit sans passer par lui, rappelle-t-il. A raison sans doute.

Comment dès lors obtenir son accord, si ce n’est en menaçant de suspendre les annonces prévues théoriquement ce jeudi pour les agriculteurs ? La FNSEA réunissait son bureau ce mercredi à 20 h 30 pour décider de la marche à suivre. Le gouvernement suspendu à ses mots : un dialogue social comme les aime Arnaud Rousseau.