Colombie. À Bogota, l’alliance inattendue des policiers et des motards contre l’insécurité

Ces dernières semaines, une vague de crimes secoue Bogota. Assassinats, vols, agressions… Profitant de l’absence du maire, opéré en urgence de l’appendicite à la mi-février, les délinquants s’en sont donné à cœur joie. Alors, pour faire face à l’insécurité qui frappe la capitale de la Colombie, plusieurs groupes de citoyens proposent aux policiers de les soutenir dans leurs tâches quotidiennes.

Et certaines de ces alliances sont plutôt inattendues. Alors que “la relation entre les motocyclistes et les policiers a souvent été tendue par le passé”, ces deux groupes ont organisé, dimanche 3 mars, un événement “pour lancer une stratégie commune de sécurité”, décrit le site d’information La Silla Vacía.

Si la rencontre a été tendue par moments, comme lors de l’arrivée de la famille de Kooby Duarte, motocycliste de 21 ans tué par des tirs policiers en juillet 2022, elle a permis d’ouvrir le dialogue ainsi que d’assurer aux forces de l’ordre, en sous-effectif chronique, le soutien “de milliers d’yeux qui circulent dans les rues” de la capitale.

Polémique

Et les échanges ont rapidement porté leurs fruits, puisque dès le lendemain, le commandant de la police métropolitaine, le colonel José Daniel Gualdrón, a annoncé vouloir inclure les 1 502 “fronts de sécurité” dont dispose déjà la ville. Cette appellation recouvre plusieurs organisations civiles, 33 000 personnes au total, chapeautées par la police, et associées à celle-ci dans sa lutte contre l’insécurité rapporte le journal El Espectador.

Mais cette stratégie suscite aussi une “controverse historique”, dans un pays où les groupes d’autodéfense, formés par des éleveurs de bétail pour faire face aux extorsions des guérillas de gauche, ont cédé le pas à des paramilitaires d’extrême droite hyperviolents et dépendants du narcotrafic au cours des plus de cinquante ans de conflit armé en Colombie, rappelle La Silla Vacía.

La droite dure, qui a gouverné le pays jusqu’à l’arrivée de Gustavo Petro au pouvoir en 2022, propose d’ailleurs de créer des groupes de citoyens pour faire face à la violence qui grandit dans le pays, alors que la stratégie présidentielle, consistant à négocier la “paix totale” avec les différents groupes armés, piétine.