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des magistrats tirent la sonnette d’alarme pour sauver la ville face au narcotrafic

Écrit par le 16 avril 2024


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Régime carcéral spécifique, cour d’assises spécialisée et collaboration facilitée avec les trafiquants de drogues « repentis » : des magistrats proposent des mesures fortes pour contrer le narcotrafic qui gangrène et ensanglante Marseille. « Nous sommes en train de perdre la guerre contre les trafiquants à Marseille« , s’est alarmée Isabelle Couderc, vice-présidente chargée de l’instruction au tribunal judiciaire de Marseille et coordonnatrice de la section criminalité organisée, devant la commission sénatoriale d’enquête dédiée à la lutte contre le trafic de drogues en France.

Les membres de la commission, qui consacre plusieurs journées cette semaine à la situation dans la deuxième ville du pays, sont d’ailleurs à Marseille jeudi pour « porter une attention particulière à la réalité vécue par les habitants, premières victimes d’un trafic qui n’épargne aucun territoire ». Lors des auditions mardi et mercredi à Paris, le président du tribunal judiciaire de Marseille Olivier Leurent a lancé : « L’État semble mener une guerre asymétrique contre le narcobanditisme mais se trouve fragilisé face à des bandes organisées très équipées ». « Le narcobanditisme agit à Marseille comme une sorte de gangrène qui abime le tissu social » dans cette cité portuaire de 870.000 habitants, a-t-il ajouté.

« Plan Marshall » nécessaire

L’année 2023 fut la plus sanglante avec 49 personnes tuées, dont quatre victimes collatérales, et 123 blessées dans la guerre de territoires opposant des gangs rivaux. Une violence qui brise des familles et fait vivre les habitants de certains quartiers dans la peur. Les renforts -22 magistrats partagés entre siège et parquet ou encore 21 enquêteurs de la police judiciaire – ont bien permis de doubler les ouvertures d’informations judiciaires, 69 en 2023, liées aux tentatives d’assassinat.

Mais les magistrats estiment ces moyens, « qui constituaient un rattrapage des sous-dotations » des années passées, déjà « notoirement insuffisants », selon Olivier Leurent. À Marseille, 20% de l’activité juridictionnelle est liée au trafic de stupéfiants, contre 9% au niveau national. Il a réclamé la « mise en place d’un plan Marshall » pour combattre des criminels disposant « d’une force de frappe considérable sur le plan des moyens financiers, humains, technologiques » : « Il y va de notre État de droit et notre stabilité républicaine ».

Parmi leurs pistes d’amélioration, tous s’accordent sur la nécessité « d’avoir un régime pénitentiaire distinct » pour les trafiquants de drogue, avec un isolement strict. Car, même derrière les barreaux, les « têtes de réseau gèrent » souvent l’organisation de leurs équipes, voire les exécutions de concurrents, a rappelé le procureur de Marseille, Nicolas Bessone. Un tel ordre a récemment été entendu par les enquêteurs dans une cellule sur écoute. À défaut d’isolement renforcé, il craint une importation du conflit entre bandes criminelles dans les centres pénitentiaires. Mi-février, un détenu de la prison d’Aix-Luynes liée à la « DZ Mafia » a été tué dans sa cellule par son codétenu du clan « Yoda » opposé. Ces deux gangs sont à l’origine de l’immense majorité des assassinats en 2023.

Assises spécifiques

Nicolas Bessone s’est également déclaré favorable à un assouplissement de la législation sur les « collaborateurs » de justice. Actuellement, ces derniers, des trafiquants repentis, ne peuvent bénéficier d’une protection qu’à condition de ne pas avoir de sang sur les mains. Contrairement à l’Italie ou aux États-Unis qui ont opté pour une approche « efficace » en mettant de côté tout « élément moralisateur », selon lui.

Comme le président du tribunal judiciaire, le procureur déplore également le recours accru des criminels à des « avocats spécialisés », qui se concentrent sur la forme pour faire annuler des procédures, plutôt que sur le fond. « Avoir un régime qui permette d’empêcher des recours systématiques » serait plus efficace, selon Olivier Leurent. Il existe aussi des craintes que les trafiquants puissent corrompre certains agents publics. Deux enquêtes sont en cours à Marseille concernant des fonctionnaires suspectés d’avoir renseigné des membres du crime organisé.

Nicolas Bessone a également plaidé pour la mise en place de cours d’assises spécialisées pour narcotrafiquants : « Qui, aujourd’hui, ferait juger les actes terroristes par des non-professionnels, des jurés ordinaires ? ». Selon lui, ces derniers « ont peur des représailles », pouvant conduire à des peines moins lourdes. Enfin, pour Olivier Leurent, l’accent devrait être mis sur la source du trafic de stupéfiants, le consommateur : « Il faut que le sentiment de transgression soit propagé comme une politique publique », à travers des campagnes publicitaires, mais aussi à l’école.

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