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Jane Birkin, “cette star de cinéma libre”

Écrit par le 17 juillet 2023


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Jane Birkin, c’était une femme élégante, délicate, d’une beauté à tomber, une chanteuse, cette star de cinéma libre, à la présence à l’écran à la fois fascinante et farouche. Une artiste qui se distinguait, aussi, par sa qualité d’anglo-française qui la rendait plus difficile à situer, elle qui était chez elle dans les deux langues, à l’instar d’autres comme Charlotte Rampling, Kristin Scott Thomas ou, évidemment, Charlotte Gainsbourg, la fille qu’elle a eue avec Serge Gainsbourg.

Son destin fut d’être considérée comme une personnalité publique et un trésor national en France, où elle a beaucoup joué pour le cinéma, et d’être placée sur un piédestal comme icône des sixties. Elle qui avait été mannequin dans la vie le fut aussi à l’écran, comme dans Blow-Up, de Michelangelo Antonioni, son premier rôle notable (et comment). Une apparition loin cependant de rendre justice à son travail d’actrice, aux rôles de composition qu’elle incarnera par la suite, et à son talent formidable pour nouer des amitiés créatives et fécondes avec des réalisateurs de la trempe d’Agnès Varda et de Jean-Luc Godard.

Icône des Sixties

En 1969, elle interprète avec Serge “Je t’aime… moi non plus”, tube pop à sensation(s) et à scandale, aux paroles suggestives et soupirantes, qui donnera lieu à un film provocateur écrit et réalisé par Gainsbourg et sorti sous le même titre en 1976. Le film est une réflexion sur ce qu’on appellerait aujourd’hui le queer – Birkin incarne l’androgyne Johnny, serveuse dans un café qui tombe amoureuse d’un camionneur homosexuel joué par Joe Dalessandro, lui-même muse de Warhol et bien placé pour savoir ce qu’être fétichisé veut dire.

Mais les vrais débuts de Jane Birkin actrice, c’est dans un classique de 1966, Blow-Up, en ingénue aux yeux écarquillés minaudant auprès du photographe hautain (David Hemmings) dans le vain espoir de décrocher un cachet de mannequin. En 1968 dans Wonderwall, de Joe Massot, ovni pop éminemment Sixties à la BO signée George Harrison, elle incarne de nouveau un mannequin, jeune femme mutine au nom très beatlesien (Penny Lane), qui pose insouciante pour son petit ami tandis que l’espionne son voisin pervers, joué par Jack MacGowran. Elle enflamme aussi la pellicule dans le rôle de Pénélope, femme-enfant innocente et fatale qui charme l’air de ne pas y toucher Alain Delon, publicitaire en mal d’inspiration, au bord de l’éblouissante Piscine de Jacques Deray (son rôle sera repris par Dakota Johnson dans le remake de Luca Guadagnino, A Bigger Splash).

Une finesse de jeu

Dans les années 1970, Jane Birkin travaille avec Roger Vadim, autre grand homme du cinéma français de l’après-guerre, qui la dirige dans Don Juan 1973, film baroque et assez ridicule où le personnage de Brigitte Bardot se prend pour la réincarnation du grand séducteur et met Birkin à son tableau de chasse. La même année, elle se retrouve dans un giallo, film gothique à l’italienne, le culte Les Diablesses, devant la caméra du maître de la série B Antonio Margheriti – l’histoire se déroule dans un château écossais que la Hammer n’aurait pas renié, où vivent des résidents plus étranges les uns que les autres, ainsi qu’un gorille en cage.

Plus tard, Birkin est très appréciée par les producteurs et les réalisateurs pour la finesse de son jeu d’actrice, capable d’interpréter au plus juste des petits rôles, mais sans doute aussi pour sa capacité à sécuriser le financement de grosses productions internationales. Elle évolue ainsi avec grâce et subtilité dans deux films tirés d’Agatha Christie : Mort sur le Nil, en 1978, et Meurtre au soleil, en 1982, aux côtés de Peter Ustinov dans le rôle d’Hercule Poirot. À la fin des années 1990, James Ivory lui confie le rôle de Mrs. Fortescue dans La fille d’un soldat ne pleure jamais, et exploite l’accent anglais toujours très aristocrate de Jane Birkin.

Vers les films d’auteur

Mais c’est sous la houlette des plus grands réalisateurs du cinéma français qu’elle a livré son travail le plus intéressant. Dans La Belle Noiseuse, de Jacques Rivette, elle incarne la femme de Frenhofer, interprété par Michel Piccoli. Le peintre, qui n’a jamais réussi à terminer un tableau commencé dix ans auparavant – à l’époque où Jane Birkin était son modèle – trouve l’inspiration nécessaire pour l’achever auprès de la jeune et séduisante Emmanuelle Béart. Le film livre un commentaire poignant et percutant sur le cynisme et la condescendance des artistes à l’égard de leurs muses, un traitement dont Jane Birkin a dû trop souvent faire l’amère expérience.

Godard lui donnera également un petit rôle en 1987 dans son film à saynètes inclassable Soigne ta droite, où apparaissent à l’écran un réalisateur déjanté (joué par Godard lui-même) qui trimballe sur lui les bobines de son film, le groupe de rock français Les Rita Mitsouko en séance d’enregistrement et trois acteurs qui revisitent la fable de La Cigale et la Fourmi, et Birkin qui incarne une jeune femme hédoniste aux côtés de son amant dans une décapotable. L’actrice évoquera plus tard avec humour et indulgence ce tournage bizarre sous la direction d’un Godard acariâtre et difficile.

Mais parmi tous ces réalisateurs, Agnès Varda a sans doute été la plus inspirée par le charisme et le potentiel de Jane Birkin à l’écran. La réalisatrice a ainsi construit autour de Jane Birkin l’une de ses rêveries les plus amusantes et spirituelles : Jane B par Agnès V, en 1988, un vrai-faux documentaire et biopic “imaginaire”. Un kaléidoscope surréaliste d’images et de personnages, imaginé et mis en scène par Agnès Varda, véritable témoignage de la vénération et de l’amour sincère qu’elle vouait à l’actrice.

Peut-être était-il impossible de saisir au plus près ce que représentait Jane Birkin aux yeux des Français et du reste du monde, mais c’est sans doute Agnès Varda qui s’en est le plus approché. Jane Birkin restera à jamais cette étoile solaire au pouvoir d’attraction unique qui illuminait le monde de la musique et du cinéma.

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