Mayotte: lancement d’une deuxième opération « place nette » contre l’insécurité

La deuxième saison de « Wuambushu » est engagée. Le gouvernement a lancé ce mardi une nouvelle opération « place nette » contre l’habitat insalubre et l’insécurité sur l’île de Mayotte. Après une première opération l’an dernier qui avait obtenu des résultats mitigés, l’exécutif espère au moins faire en sorte cette fois-ci que la situation ne devienne pas incontrôlable.

Elle est prévue pour durer onze semaines avec comme objectif de détruire 1.300 habitats illégaux – à Mayotte, un tiers de l’habitat est considéré comme insalubre – et arrêter 60 chefs de bande « identifiés préalablement », a précisé l’entourage de Marie Guevenoux, la nouvelle ministre des Outre-mer .

« On vise des publics extrêmement ciblés. On a déterminé 60 objectifs prioritaires, c’est-à-dire les 60 individus les plus dangereux, se livrant aux trafics les plus graves », a détaillé la ministre ce mardi matin sur France 2, en marge du lancement de l’opération. Depuis sa nomination en février, elle s’est déjà rendue trois fois sur l’île de l’Océan indien, en proie à une crise continue.

5 millions d’euros pour reloger

L’exécutif annonce la mobilisation de 1.700 membres des forces de l’ordre. Une enveloppe de 5 millions d’euros a été débloquée pour reloger les personnes, majoritairement immigrés illégaux venant des Comores voisines, dont l’habitat sera détruit. Sur place la perspective de l’opération a généré de fortes tensions dans une île déjà minée par l’insécurité.

A Mayotte, l’immigration illégale et les rivalités entre bandes génèrent une situation explosive. Régulièrement, les forces de l’ordre sont attaquées, tout comme les bus scolaires ou les collèges. « L’insécurité est toujours là, les gens se font voler leurs affaires avec des véhicules cassés, des vols dans les domiciles, des violences dans les écoles. Les Mahorais attendent que l’Etat sécurise ce territoire », a déclaré sur la chaîne Mayotte 1re Fatihou Ibrahim, président du collectif des citoyens de Mayotte. Département depuis 2011, l’île est retard selon tous les indicateurs.

Fin du droit du sol

L’opération « Wuambushu2 » ou «place nette», à l’instar de celles qui sont menées pour lutter contre le trafic de drogue dans l’Hexagone, est là pour lutter contre une situation d’urgence. En janvier, pour exprimer leur ras-le-bol, les habitants, organisés en collectifs, avaient bloqué l’île pendant plusieurs semaines.

Pour débloquer la situation, l’exécutif a dû sortir des mesures fortes. Il mise notamment sur la fin du droit du sol pour freiner l’immigration à Mayotte. Le projet de loi réformant la Constitution doit être présenté en Conseil des ministres le 22 mai prochain, tout comme un autre projet de loi visant à développer Mayotte.

La réforme constitutionnelle a le soutien de la totalité des élus locaux, mais devra trouver sa majorité à l’Assemblée nationale et au Sénat, ce qui n’est pas encore acquis. La gauche est contre et la droite fait déjà de la surenchère tandis que l’exécutif met en avant une « réponse exceptionnelle à une situation exceptionnelle », comme le répète régulièrement Marie Guévenoux.