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Mode : le retour inattendu des sabots

Écrit par le 29 novembre 2023


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Publié le 29 nov. 2023 à 15:00

Bosabo ! Cela sonne comme une salutation en japonais. Et c’est d’ailleurs dans un archipel nippon très friand du Made in France que cette marque serait la plus connue. Avec elle, la société Audouin, fabricant de sabots né en 1890, labellisée Entreprise du patrimoine vivant (EPV) en 2018, s’est distinguée sur un créneau jadis folklorique. Elle a su projeter le sabot français dans la modernité et le faire rayonner à l’international. Dans l’Hexagone, elle est la seule à le produire de façon mi-industrielle, mi-artisanale et à en vendre entre 25.000 et 35.000 paires par an. Dont la moitié à l’export avant le Covid et encore 40 % depuis.

On est bien loin du temps où l’aïeul et fondateur, Emile Audouin, proposait ses services d’artisan de ferme en ferme. Dès 1920, son fils Joseph sédentarise l’activité grâce aux progrès de la mécanisation, avec des premiers tours et creuseuses facilitant le travail manuel.

L’inauguration en 1959 d’un premier atelier, puis dans les années 1970, d’un deuxième à Montigné-sur-Moine, près des vignobles nantais, fait franchir d’autres pas décisifs à l’entreprise. « Nous sommes aujourd’hui le seul fabricant de sabots en France de notre envergure, les autres sont des artisans travaillant seuls dans leur boutique », explique Alexis Audouin, représentant de la cinquième génération de la famille fondatrice et responsable d’atelier. Avec sa soeur Justine, responsable commerciale, il s’apprête à reprendre les rênes fin 2023 à la place de leurs parents, Joël et Françoise. Avec une répartition complémentaire des tâches : pour Justine, la création, pour Alexis, la production.

Jeune et dynamique

Chez Audouin, le personnel est à l’image du futur duo de patrons : jeune et dynamique. La moitié des effectifs (16 à 20 salariés selon les périodes) a été renouvelée depuis un an, après des départs à la retraite. L’âge moyen des nouveaux arrivants, souvent en reconversion professionnelle, est d’une trentaine d’années. Alors que tous les modèles Bosabo sont fabriqués à 100 % dans ses ateliers, la relève est assurée.

Dans l'atelier, casier de formes à monter.

Dans l’atelier, casier de formes à monter.DR

Pour attirer un personnel difficile à recruter dans le secteur, on a fait valoir des atouts battant en brèche les clichés d’une industrie à la Zola. « Pour intéresser nos salariés et les responsabiliser, nous pratiquons la polyvalence. Une piqueuse fait la tige de A à Z. Et personne ne reste plus d’une demi-journée sur les postes les plus pénibles. » Le cadre de travail sera aussi modernisé, via le transfert du premier atelier historique, en bois, vers le second. Doté d’un toit en verrière, plus lumineux, il sera agrandi et relifté, a priori d’ici 2024. « Nous aimerions le doter de panneaux photovoltaïques pour produire l’électricité pour la lumière et alimenter notre cinquantaine de machines. »

Mais comment, chaussée de sabots réputés lourds et démodés, Audouin est-elle parvenue à rejoindre la course effrénée de la mode ? En revisitant, dès les années 1960, l’accessoire d’antan puis en participant, trente ans plus tard, à des salons internationaux à Paris, Milan, Tokyo.

Deux modèles Bosabo : sabot Annae en cuir tannage végétal kaki et Sabot Clotilde en daim tan.

Deux modèles Bosabo : sabot Annae en cuir tannage végétal kaki et Sabot Clotilde en daim tan.DR

Dès 1959, en associant semelle en bois traditionnelle et dessus en cuir, la société introduit ses productions sur la planète fashion. Le lancement en 1988 de la marque Bosabo, forte de modèles très design, enfonce le clou. « Nous nous inspirons des cahiers de tendance, des remontées clients, de ce que nous voyons dans la rue. » Plus de 150 modèles déclinables dans une centaine de couleurs et matières sont aujourd’hui vendus dans 300 magasins, dont 200 en France et une centaine à l’étranger.

Des adresses sélectes comme le Bon Marché, Garrice, Merci ou Abou d’Abi Bazar à Paris, GravityPope au Canada ou Tomorrowland au Japon, plébiscitent ce joli sabot décliné en moult versions (cuir naturel, brillant à paillettes, métallisé…), ouvertes ou fermées. La fabrication sur commande de modèles personnalisés, dans un délai de seulement une ou deux semaines, en accroît l’attractivité. Mais aussi ses collaborations avec des marques désirables comme Agnès B, Bonpoint ou Bellerose. A côté des sabots vendus l’été (70 % du chiffre d’affaires) mais aussi l’hiver (via des modèles fourrés), Audouin a diversifié son offre avec des sandales. Mais la botte, avec un coût du Made in France hélas prohibitif, a été abandonnée.

Un profil vert

Côté écologie, la marque coche toutes les cases. Outre sa façon française sur commande (d’où le cercle vertueux : pas de stocks, pas de soldes), Bosabo fait du sourcing de proximité : bois des semelles venant des forêts domaniales des Pays de la Loire ou de Bretagne reconnues PEFC (programme européen de forêts certifiées), cuirs de tanneries françaises, italiennes ou espagnoles. Le tannage de ces peaux est essentiellement végétal et non au chrome. D’où un résultat naturel et vertueux pour l’environnement. L’atelier historique est chauffé aux chutes de bois.

En fin de production, pour la mise du cuir à la forme du pied, le séchage traditionnel à l’air est préféré au four moderne de vieillissement, gourmand en énergie. « Ce mode ultrarapide est utilisé par les industriels qui produisent en masse. Avec nos petites séries, nous préférons attendre une nuit pour cette opération. » Cerise sur le gâteau, la société offre même à ses clients de petits objets réalisés avec ses déchets de cuir !

Chausson Coco en cuir fourré laine.

Chausson Coco en cuir fourré laine.DR

Preuve que l’entreprise est en phase avec l’engouement actuel pour l’authenticité, le Made in France et le développement durable : elle n’a pas souffert de la pandémie. Son chiffre d’affaires prévu en 2023 (1,5 million d’euros) a même crû de +5 % par rapport à 2019 ! Réactive, Audouin a profité du confinement pour se lancer avec succès dans un nouvel article aussi authentique que le sabot, mais plus cosy : un chausson en cuir fourré laine, baptisé Coco. On le trouve au Bon Marché et dans une centaine de points de vente, essentiellement en France. « N’ayant pas encore les cadences, nous avons préféré nous concentrer sur l’Hexagone. Mais nous allons petit à petit le présenter à l’export. » Première rampe de lancement pour Coco à l’international : le salon de la chaussure de Milan, en février prochain.

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