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Négociations Crise agricole : avant le Conseil européen, Macron fanfaron

Écrit par le 1 février 2024


Dérogations sur la jachère, modération des exemptions de droits de douane des productions ukrainiennes, «blocage» du projet d’accord Mercosur… Le chef de l’Etat se rend à Bruxelles avec des garanties sur des points cruciaux. Et ne se prive pas de le faire savoir.

Emmanuel Macron arrive ce jeudi à Bruxelles précédé de tambours et trompettes. Face au mouvement de colère des agriculteurs, le chef de l’Etat n’a pas attendu le Conseil européen extraordinaire consacré à l’aide des Vingt-Sept à l’Ukraine pour formuler sa liste de courses sur le dossier agricole. Il a dévoilé dès mardi à Stockholm, où il se trouvait au premier jour de sa visite d’Etat en Suède, les exigences qu’il souhaitait soumettre à la présidente de la Commission européenne, Ursula von der Leyen, lors de leur rencontre prévue dans la matinée : «Des mesures claires sur les importations venant d’Ukraine», en particulier sur les volailles et le sucre à bas coût dont se plaignent les agriculteurs européens ; une «clarté» sur les négociations du traité avec le Mercosur, que la France ne veut pas voir signé sans réciprocité sur les normes environnementales et sanitaires ; «des souplesses sur la question des jachères et des prairies».

Le chef de l’Etat a obtenu des garanties sur l’ensemble de ces points avant de mettre les pieds à Bruxelles, et il veut que cela se sache. Ursula von der Leyen a annoncé dès mercredi une extension d’un an d’une dérogation sur les obligations de jachères : les agriculteurs pourront s’exonérer de l’impératif de garder 4 % de leurs terres non exploitées si 7 % de leurs surfaces restent favorables à la biodiversité, par exemple en utilisant des cultures fixatrices d’azote. «Des mois de travail de la France, une coalition construite patiemment avec l’ensemble des collègues européens que je remercie, une solution simple et pragmatique qui conjugue transition et production», s’est félicité sur X (ex-Twitter) le ministre de l’Agriculture, Marc Fesneau, en déplacement à Bruxelles mercredi. La FNSEA demandait notamment «la suspension immédiate des 4 % de jachère, dès cette année».

Macron a fait une mauvaise manière à Ursula von der Leyen

La Commission a également évoqué des «mesures de sauvegarde» afin que l’exemption de droits de douane des produits agricoles ukrainiens depuis la guerre avec la Russie perturbe moins le marché européen. Des taxes aux frontières additionnelles s’appliqueront plus rapidement quand certains niveaux de flux de produits importés d’Ukraine seront dépassés. «Nous gardons l’objectif politique de soutien à l’Ukraine et en même temps nous protégeons les agriculteurs européens sur des secteurs sensibles, se réjouissait-on dans l’entourage d’Emmanuel Macron mercredi après-midi, en marge d’une visite d’usine à Lund, à côté de Malmö. Les deux sujets importants sur lesquels l’Europe est le bon niveau pour agir ont été réglés rapidement en réponse à nos demandes.» Quant à l’accord de libre-échange avec le Mercosur, «les conditions pour conclure des négociations […] ne sont pas réunies» a reconnu un porte-parole de la Commission mardi. Bref, l’exécutif européen «a répondu aux demandes de la France», triomphait-on dans le cortège présidentiel.

Mais tout à sa volonté de prouver aux agriculteurs sa capacité à faire plier Bruxelles devant leur colère, Emmanuel Macron a commis quelques impairs dans la semaine. Le chef de l’Etat a fait une mauvaise manière à Ursula von der Leyen en annonçant à la presse qu’ils auraient un entretien jeudi, en marge du programme officiel d’un Conseil européen extraordinaire consacré à la situation en Ukraine, ce que l’équipe de l’Allemande n’a pas immédiatement confirmé. C’est aussi l’Elysée qui a fait savoir, lundi, que le Président avait obtenu le blocage des négociations entre la Commission et le Mercosur, empêchant notamment un voyage au Brésil du commissaire européen au commerce, Valdis Dombrovskis. Si la Commission concède que le traité ne serait pas voté en l’état, elle affirme malgré tout que «les discussions continuent» avec les pays sud-américains membres de cette zone de libre-échange.

Agiter la corde anti-Bruxelles quand ça arrange

«Ce serait de la facilité de tout mettre sur le dos de l’Europe», avait lancé Emmanuel Macron mardi depuis la Suède en réponse à la colère des agriculteurs. Ce qui ne l’empêche pas de jouer sur la corde anti-Bruxelles avec ses troupes. «Croyez-moi, quand la France veut quelque chose en Europe, elle a suffisamment de poids pour l’imposer», a claironné sur Europe 1 son ministre de l’Economie et des Finances, Bruno Le Maire, mercredi. Selon lui, «c’est grâce au président de la République et uniquement grâce à lui» que l’accord commercial avec le Mercosur n’a toujours pas été signé. En toute modestie.

LIEN : https://www.liberation.fr/politique/crise-agricole-avant-le-conseil-europeen-macron-fanfaron-20240201_LEQAHQGI4VGFNJXIRWH7ECPS2A/


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