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qui est Bassirou Diomaye Faye, le candidat antisystème qui s’apprête à prendre la tête du pays ?

Écrit par le 28 mars 2024


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L’opposant Bassirou Diomaye Faye l’a largement emporté dès le premier tour de la présidentielle d’après les résultats proclamés mercredi.

Une victoire historique. Bassirou Diomaye Faye, le candidat de l’opposition adoubé par le populaire Ousmane Sonko, l’a largement emporté dès le premier tour dimanche de l’élection présidentielle sénégalaise avec 54,28% des voix, selon les résultats finaux provisoires proclamés mercredi 27 mars. Son rival Amadou Ba (35,79%), candidat du pouvoir, l’avait déjà reconnu vainqueur lundi. « Au regard des tendances des résultats de l’élection présidentielle et en attendant la proclamation officielle, je félicite le président Bassirou Diomaye Diakhar Faye pour sa victoire dès le premier tour », avait annoncé le candidat du camp présidentiel et poulain du président sortant Macky Sall. 

Le verdict final doit intervenir d’ici vendredi, avec la validation des résultats par le Conseil constitutionnel. Mais selon ces résultats, c’est la première fois qu’un opposant au camp présidentiel l’emporte dès le premier tour en 12 élections au suffrage universel au Sénégal. Bassirou Diomaye Faye, « plan B » du parti d’opposition Pastef (Parti d’opposition des Patriotes africains du Sénégal pour le travail, l’éthique et la fraternité), concourait à la place d’Ousmane Sonko, troisième de la présidentielle en 2019.

La candidature du patron de l’opposition avait été rejetée par le Conseil constitutionnel à cause d’une série de procédures judiciaires, qu’il voit comme un complot politique. Ousmane Sonko a été condamné en juin 2023 à deux ans de prison ferme pour « débauche de mineure ». Egalement interpellé et inculpé en juillet pour, entre autres, « appel à l’insurrection » et « complot contre l’Etat », il était détenu depuis cette arrestation, avant d’être libéré en même temps que Bassirou Diomaye Faye.

Le « jeune frère » d’Ousmane Sonko

Bassirou Diomaye Faye était encore peu connu du grand public il y a quelques mois. « C’est lorsqu’il a été emprisonné qu’on a commencé à parler de lui », souligne Babacar Ndiaye, analyste politique et directeur des recherches au centre de réflexion Wathi, à Dakar. Cet opposant, inculpé d' »outrage à magistrat », « diffamation » et « diffusion de fausse nouvelle » après avoir publié un message critique envers la justice, a passé 11 mois derrière les barreaux sans être condamné, avant d’être relâché le 14 mars, 10 jours avant l’élection, grâce à une loi d’amnistie adoptée huit jours plus tôt.

Sa notoriété explose le 29 janvier, lorsque Ousmane Sonko l’aboube en appelant ses fidèles à voter pour celui qu’il qualifie de « jeune frère ». « [Bassirou] Diomaye [Faye] n’est pas un choix de cœur mais c’est un choix de raison, nous allons atteindre nos objectifs si tout le monde le soutient », avait-il déclaré dans une vidéo, depuis la prison du Cap Manuel, au sud de Dakar. 

Les deux opposants Bassirou Diomaye Faye (à gauche) et Ousmane Sonko (à droite) lors d'une conférence de presse à leur sortie de prison, à Dakar (Sénégal), le 15 mars 2024. (JOHN WESSELS / AFP)

Les deux opposants ont un parcours très similaire. Ils sont passés par l’Ecole normale d’administration du Sénégal et l’inspection des impôts, puis l’action syndicale et la direction du Pastef. « Ce sont deux hommes qui se connaissent bien, qui ont le même profil », avance Babacar Ndiaye.

« Bassirou Diomaye Faye est l’un des artisans du projet présenté en 2024. Si quelqu’un connaît bien le programme, c’est lui. »

Babacar Ndiaye, analyste politique au Sénégal

à franceinfo

Le futur président est jugé moins charismatique par les Sénégalais qu’Ousmane Sonko. « Mais on lui a toujours reconnu ce côté méticuleux et méthodique dans la coordination du programme du Pastef », pointe l’analyste politique. 

Un programme centré sur la souveraineté du Sénégal

Dans sa première prise de parole après la reconnaissance de sa victoire, Bassirou Diomaye Faye a rappelé que ses « chantiers prioritaires » seraient « la réconciliation nationale », la « refondation des institutions » et « l’allègement sensible du coût de la vie ». Il a dit mettre un point d’honneur « à gouverner avec humilité, dans la transparence, à combattre la corruption à toutes les échelles », dans un pays classé seulement au 73e rang des Etats les moins corrompus en 2023, selon la note attribuée par l’ONG Transparency International (fichier PDF). Sur ce point-là, le futur président s’est posé en exemple en étant « le seul candidat à rendre publique sa déclaration de patrimoine. Ça a été reçu positivement par les Sénégalais », note Babacar Ndiaye. 

Côté relations internationales, Bassirou Diomaye Faye a annoncé que le Sénégal « restera[it] le pays ami et l’allié sûr et fiable de tout partenaire qui s’engagera[it] avec nous dans une coopération vertueuse, respectueuse et mutuellement productive », tout en faisant de la souveraineté du Sénégal un argument de campagne. 

« Nous serons désormais un Etat souverain, indépendant, qui collaborera avec tout le monde mais dans des partenariats gagnant-gagnant. »

Ousmane Sonko, ancien patron du parti d’opposition Pastef

lors d’un meeting pendant la campagne

Le projet du Pastef comprend d’ailleurs la réévaluation des accords de pêche avec les acteurs étrangers, le développement de l’agriculture pour garantir une sécurité alimentaire et la renégociation des contrats des mines et des hydrocarbures, dont le début de l’exploitation est prévu au cours de l’année 2024.

Cette souveraineté s’incarne aussi par une volonté de « prendre ses distances avec les anciens colons, notamment la France« , estime Francis Kpatindé, maître de conférences à Sciences Po Paris et ancien rédacteur en chef de Jeune Afrique. « Il y aura des discussions sur les questions qui fâchent : le résidu de la présence militaire française et la monnaie. » Selon le ministère des Armées français, 350 militaires français sont toujours déployés sur le sol sénégalais dans le cadre du partenariat de défense signé en 2013. En février 2023, Emmanuel Macron avait annoncé entamer une baisse des effectifs de la France en Afrique, dont la présence est largement contestée par une partie de la population africaine.

Des soldats lors d'un exercice militaire organisé conjointement par le Sénégal et la France à Dakar (Sénégal), le 16 novembre 2023. (CEM OZDEL / ANADOLU / AFP)

Du côté de la monnaie, Bassirou Diomaye Faye a promis une réforme monétaire, voire la création d’une monnaie nationale à la place du franc CFA hérité de la colonisation, car « il n’y a pas de véritable souveraineté s’il n’y a pas de souveraineté monétaire », avait-il déclaré lors de la campagne. Pour sortir du franc CFA, « l’idéal serait de le faire dans le cadre de la Communauté économique des Etats de l’Afrique de l’Ouest (Cédéao) avec l’éco », le projet de monnaie unique ouest-africaine qui tarde à aboutir, précisait-il au Monde. Mais si le projet n’aboutit pas, « nous devrons envisager de prendre seuls notre souveraineté », avait expliqué Bassirou Diomaye Faye.

Un président tourné vers la jeunesse

Avec ce discours, le futur président a pu toucher les jeunes, car « ce sont des questions qui parlent à une jeunesse panafricaine en quête de souveraineté », selon Francis Kpatindé. Un électorat capital à séduire dans un pays où 75% de la population a moins de 35 ans : « C’est la première fois qu’est élu un président aussi jeune [44 ans]. A côté de lui, le candidat du camp présidentiel Amadou Ba a 62 ans. Pour les jeunes, c’est plus simple de s’identifier à Bassirou Diomaye Faye », avance Babacar Ndiaye.

Plus globalement, « Diomaye comme Sonko sont l’incarnation du futur, là où Amadou Ba est celle de l’ancien système », poursuit l’analyste politique. Les deux opposants ont fait leurs études et travaillé au Sénégal, contrairement aux anciens chefs d’Etat qui sont passés par la France. Macky Sall a été formé à l’Institut français du pétrole à Paris et Abdoulaye Wade, son prédécesseur, a étudié le droit à Besançon (Doubs) puis Grenoble (Isère). « Il y a un lien ombilical entre les élites sénégalaises et la France », explique Francis Kpatindé. Un cordon que Bassirou Diomaye Faye coupe en accédant au pouvoir, avec, selon le maître de conférences, une ambition majeure pour les jeunes : « Qu’ils restent vivre et travailler dans le pays. »



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