Sébastien Lecornu nommé Premier ministre : un pari risqué pour Emmanuel Macron.

Sébastien Lecornu nommé Premier ministre : un pari risqué pour Emmanuel Macron

Une transition éclair après la chute du gouvernement Bayrou

Le mardi 9 septembre 2025, Emmanuel Macron a nommé Sébastien Lecornu Premier ministre, quelques heures à peine après la démission de François Bayrou, renversé par une motion de censure la veille. Le gouvernement Bayrou, en fonction depuis seulement quelques semaines, n’a pas résisté au vote défavorable de l’Assemblée nationale (364 voix contre, 194 pour).

Confronté à une crise politique majeure et à la nécessité d’assurer la continuité de l’État, le chef de l’État a choisi d’aller vite en désignant une personnalité de confiance, déjà solidement installée au cœur du dispositif gouvernemental.


Le parcours de Sébastien Lecornu, un fidèle de la Macronie

Âgé de 39 ans, Sébastien Lecornu devient l’un des plus jeunes Premiers ministres de la Ve République. Ce proche d’Emmanuel Macron n’est pas un novice en politique :

  • Ancien maire de Vernon et président du conseil départemental de l’Eure, il s’est forgé une expérience locale solide.
  • Entré au gouvernement en 2017, il a occupé successivement les postes de secrétaire d’État à la Transition écologique, ministre chargé des Collectivités territoriales, puis ministre des Outre-mer.
  • Depuis 2022, il était ministre des Armées, portefeuille sensible où il a gagné en stature et en crédibilité, notamment dans le contexte de tensions internationales.

Son profil est décrit comme loyal, discret et efficace, un « soldat de la République » plus habitué à travailler dans l’ombre que sous les projecteurs. Cette fidélité sans faille au président a sans doute pesé lourd dans sa nomination.


Une nomination déjà contestée

Si Emmanuel Macron vante un choix de « stabilité et de compétence », l’opinion publique se montre beaucoup plus sceptique. Selon un sondage Odoxa publié le jour même, 76 % des Français considèrent cette nomination comme un déni de démocratie et un signe de mépris envers la volonté populaire.

Dans l’opposition, les réactions ne se sont pas fait attendre :

  • Marine Le Pen (RN) a dénoncé une « fuite en avant de la Macronie ».
  • Les Républicains restent divisés, certains y voyant une manœuvre pour s’attirer le soutien du centre droit.
  • À gauche, La France insoumise et le Parti socialiste fustigent un « copié-collé du macronisme », incapable de se réinventer après la chute du gouvernement Bayrou.


Les défis qui attendent le nouveau Premier ministre

Sébastien Lecornu arrive à Matignon dans un contexte d’extrême fragilité politique. Trois défis majeurs se dressent devant lui :

  1. Constituer rapidement un gouvernement capable de tenir face à une Assemblée nationale hostile et fragmentée.
  2. Retrouver une crédibilité démocratique, alors que les Français expriment une lassitude profonde vis-à-vis des nominations jugées technocratiques et déconnectées.
  3. Maintenir l’équilibre de la majorité présidentielle, affaiblie par des divisions internes et les échecs successifs de ses prédécesseurs.


Un tournant pour la fin du quinquennat Macron

La nomination de Sébastien Lecornu est un pari pour Emmanuel Macron. En misant sur un proche fidèle, il espère reprendre la main sur un exécutif affaibli et éviter une paralysie institutionnelle. Mais le jeune Premier ministre devra prouver qu’il peut transformer la loyauté en autorité, et la compétence en capacité à gouverner dans la tempête.

L’histoire retiendra qu’en ce 9 septembre 2025, la France s’est dotée de son 8e Premier ministre depuis 2017, signe d’une instabilité chronique au sommet de l’État.

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