Un 14 juillet sous les signes de l’Inde, de l’Ukraine et des émeutes

Un défilé sous le double signe des émeutes et de l’Inde. A Paris, la cérémonie militaire du 14 juillet, à l’occasion de la fête nationale, s’est tenue cette année sous haute surveillance après les récentes émeutes qui ont embrasé le pays. Mais ce 14 juillet est aussi marqué par l’Inde, pays invité d’honneur, dont le Premier ministre Narendra Modi est en visite officielle.

Les deux dirigeants ont affiché leur « intimité stratégique » et leur volonté de renforcer leur partenariat, après avoir assisté ensemble au défilé militaire, ouvert par 240 membres des forces armées indiennes.

Renforcer les liens entre les deux pays

« Nous allons continuer à renforcer cette relation de confiance historique entre nos deux pays » qui célèbrent cette année le 25e anniversaire de leur partenariat stratégique, a déclaré le chef de l’Etat français lors d’une prise de parole conjointe, avant un dîner au musée du Louvre.

« Nous considérons la France comme un partenaire naturel » et » nous avons conçu une feuille de route pour les 25 ans à venir », a affirmé Narendra Modi, qui s’était vu décerner la grand-croix de la Légion d’honneur. « Le renforcement de nos relations économiques est notre priorité commune », a-t-il souligné, en évoquant notamment la coopération en matière de défense.

Coopérations

Sa visite française a ainsi permis d’officialiser l’achat de 26 nouveaux Rafale de Dassault Aviation en version Marine pour le porte-avions indien, ainsi que de trois sous-marins, une acquisition à laquelle New Delhi a donné jeudi son accord de principe. Les deux pays ont également dévoilé plusieurs accords de coopération dans le domaine spatial, dont la mise en place d’un système conjoint de surveillance maritime par satellites.

Sur le plan international, Emmanuel Macron et Narendra Modi ont réaffirmé leur « préoccupation commune d’un risque de fragmentation de la communauté internationale » à la lumière de la guerre en Ukraine. « L’Inde est prête à contribuer pour restaurer la paix durable », a assuré le Premier ministre indien, dont le pays, adepte du multi-alignement, continue de coopérer avec la Russie bien qu’elle ait été mise au ban par l’Occident depuis l’invasion de l’Ukraine. Les deux hommes ont enfin évoqué leur coopération dans la région Asie-Pacifique, où la France ambitionne de peser.

Des canons Caesar employés en Ukraine

Alors que la guerre a fait son retour en Europe depuis l’invasion russe de l’Ukraine en février 2022, l’un des objectifs de ce défilé était aussi de « rappeler l’attachement » de la France » à la solidarité stratégique avec (ses) alliés », selon le gouverneur militaire de Paris, le général Christophe Abad. Pour incarner l’aide militaire française à l’Ukraine, des canons Caesar tels que ceux récemment envoyés sur le terrain de bataille , et des blindés AMX10-RC, modèle également cédé à Kiev, ont défilé devant les Parisiens.

Cette manifestation avait par ailleurs vocation à incarner la hausse du budget des armées, alors que le Parlement a définitivement adopté jeudi une nouvelle Loi de programmation militaire (LPM) d’une enveloppe de 413 milliards d’euros d’ici à 2030, soit une hausse de 40 % par rapport à la précédente LPM. Cette LPM « est celle dont nos armées ont besoin », s’est félicité jeudi Emmanuel Macron.

Climat tendu

Les festivités se tiennent cependant dans un climat sécuritaire tendu . Fin juin, la mort d’un adolescent, tué par un policier lors d’un contrôle routier, a entraîné plusieurs nuits d’émeutes et des dégâts considérables.

Le gouvernement a déployé les grands moyens pour tenter de contenir les traditionnels incidents des festivités du 14-Juillet, en mobilisant de jeudi soir à samedi soir quelque 45.000 policiers et gendarmes, des unités d’élite et des blindés. A Paris, environ 10.000 policiers et gendarmes sont sur le terrain, dans la capitale et ses départements limitrophes.

Sources AFP, Reuters, Franceinfo