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Voyage. En randonnée sur les traces du crash raconté par le film “Le Cercle des neiges”

Écrit par le 1 avril 2024


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La vallée des Larmes est un lieu qui a marqué à jamais les survivants du vol Fuerza Aérea Uruguaya 571. Elle est devenue l’une des attractions touristiques les plus prisées de la saison. L’engouement suscité par le film Le Cercle des neiges [disponible sur Netflix depuis le 4 janvier] a fait doubler les ventes d’excursions vers l’épave de l’avion qui s’est écrasé en 1972 dans la province de Mendoza, en Argentine. Des milliers de personnes brûlant de curiosité affluent dans cette région inhospitalière, au cœur de la cordillère des Andes, pour tenter de comprendre le miracle qui s’y est produit.

“Le film a universalisé cette histoire, explique Eduardo “El Tuiti” Molina, guide de montagne. Cette année, nous avons eu des demandes provenant du Vietnam, d’Australie ou d’Irlande, des pays avec lesquels nous n’avions jamais travaillé auparavant.” De nombreuses entreprises privées proposent cette aventure, mais Molina, propriétaire de Tuiti Trekking Mendoza, fait autorité en la matière, avec quelques autres. Il a déjà à son actif 59 expéditions vers la vallée des Larmes, et fêtera la 60e cette année. “Je pleure à chaque fois que j’y vais”, confie-t-il. Sa première fois remonte à 2005, à une époque où rares étaient ceux qui se rendaient à pied sur les lieux du crash. “J’ai eu l’impression d’envahir un lieu sacré”, poursuit-il.

Une excursion extrême

L’expédition dure trois ou quatre jours et se fait à pied ou à cheval. Il faut emprunter des chemins sinueux et escarpés qui semblent sans fin et traverser quatre cours d’eau – l’Atuel, le Rosado, le Barroso et le Lágrimas –, aussi bien à l’aller qu’au retour. Les variations de température étant très importantes, il est conseillé de réaliser l’expédition entre novembre et mars, durant les mois les plus chauds de l’hémisphère Sud. “Y aller en dehors de cette période est insensé parce que la probabilité de froid intense est très élevée, et les jours sont plus courts, insiste Molina. Pour partir en trek, il faut beaucoup d’heures de lumière.”

L’expédition peut être réservée à partir de la ville de Mendoza. Les randonneurs et les cavaliers peuvent également se rendre avec leur propre véhicule à El Sosneado, le dernier village où l’on a accès à un réseau de téléphonie mobile. À partir de là, on entre dans la cordillère des Andes et, pour reprendre les mots de Molina, “on cesse d’exister pendant trois jours”. Comme dans l’histoire des survivants du crash, les muletiers jouent un rôle essentiel : ils transportent le ravitaillement, les tentes et le matériel aussi bien pour les trekkeurs que pour les cavaliers, et assurent leur sécurité.

Encore des traces, un demi-siècle plus tard

Le fuselage qui a servi d’abri aux survivants a été brûlé mais des débris de l’avion sont encore visibles, ainsi qu’un mémorial aux victimes du crash. Des effets personnels des passagers ont également été laissés sur place. “Il y a des sièges, des outils et j’ai même vu des chaussures de rugby durcies par le temps”, raconte Bruno Manini, un Argentin de 24 ans. Passionné de sport, il a décidé de réaliser l’expédition avec son père et quelques amis en décembre 2020. “Avant de partir, j’ai lu le livre et j’ai regardé plusieurs documentaires”, raconte-t-il.

“Ça permet de se faire une idée, mais quand on arrive sur place, c’est totalement différent.”

En été, le paysage n’est pas blanc mais gris et marron. “Les montagnes sont très sèches, il n’y a pas d’eau, c’est un terrain extrêmement hostile”, poursuit Manini. À cause du réchauffement climatique, la glace ne se forme plus autant qu’il y a cinquante ans. “Le chemin n’est pas facile, il faut être bien préparé physiquement. C’est un trek de difficulté moyenne.” Lorsqu’il a atteint le sommet, à plus de 4 000 mètres d’altitude, ce qui l’a le plus impressionné a été le silence absolu et l’immensité des montagnes. “J’y retournerais sans hésiter”, affirme-t-il.

Rendre hommage par l’expédition

“Un silence absolu”, “beaucoup de paix”, mais surtout “une forte présence de Dieu” : c’est ce qu’a ressenti Soledad Yaquinto, qui est uruguayenne, lorsqu’elle est arrivée dans la vallée des Larmes, en février 2023. “Ç’a été un voyage très spécial”, raconte-t-elle. Un voyage entrepris par huit femmes, dont Gochi Páez et Male Methol, respectivement filles de [Carlos Páez Rodríguez] et de Javier Methol, deux des survivants du crash. “Male n’y était jamais allée, explique-t-elle, et nous avons décidé d’organiser le voyage et de l’accompagner.”

Elles ont choisi de s’y rendre à cheval. “Au début, ça fait un peu peur. Il faut avancer avec beaucoup de prudence, sans prendre de risques inconsidérés, mais les chevaux sont très bien dressés.” Les femmes ont laissé Male Methol monter la première jusqu’au mémorial sur lequel sont inscrits tous les noms des victimes, dont sa mère, Liliana. “Je ne peux pas parler à sa place, mais je sais qu’elle l’a ressenti comme un moment de grande connexion, impossible à exprimer avec des mots.” Bien que cette expédition demande de renoncer à toute forme de confort, Soledad n’a aucun doute : elle retournera dans la vallée des Larmes. “J’attends que la folie suscitée par le film passe. C’est une expérience qu’il faut vivre avec ses cinq sens. Ce n’est pas un voyage touristique. C’est un voyage à l’intérieur de soi.”

Le match de rugby symbolique

Beaucoup de débris qui étaient restés sur la montagne ont disparu avec le temps. Mais il arrive que des objets refassent surface. En février 2005, un alpiniste mexicain, Ricardo Peña, a trouvé un bout de tissu bleu dans les rochers à plus de 1 000 mètres au-dessus du lieu du crash. C’était un manteau en lambeaux. À l’intérieur se trouvait le portefeuille d’Eduardo Strauch, l’un des survivants. “Cette découverte nous a bouleversés”, déclare Peña. Dans une poche se trouvait le passeport d’Eduardo Strauch, avec un tampon indiquant la date du vendredi 13 octobre 1972.

“Le manteau est resté là-haut pendant trente-trois ans, jusqu’à ce que nous le retrouvions. Nous l’avons rendu à son propriétaire.”

En 2020, l’équipe de rugby uruguayenne du club Old Christians, auquel appartenaient des passagers de l’avion, a organisé une expédition pour rendre hommage aux joueurs. “C’était une chose que nous voulions faire depuis longtemps, et le club a décidé de partir avec tous les membres”, explique Patricio Cattivelli, 34 ans. Plus de 100 personnes ont fait le voyage, dont l’un des survivants, Gustavo Zerbino. “Sa présence parmi nous, le fait de pouvoir lui poser des questions et entendre son témoignage, c’était très émouvant”, poursuit-il.

Les rugbymen ont marché ensemble. “On souffre un peu, mais ce n’est rien comparé à ce qu’ils ont enduré pendant soixante-douze jours.” Tous les ans, le club commémore ce match que les passagers de l’avion n’ont jamais pu jouer au Chili. “Nous allons rencontrer nos amis chiliens chez eux, et ils viennent chez nous, dit Patricio. Nous maintenons ce match symbolique.” Cette année, il aura lieu en Uruguay, en octobre, à la date de l’accident.

Humble devant l’immensité

Tomás Fellauto, un Argentin 25 ans, s’est également rendu dans la vallée des Larmes à pied, avec son équipe de rugby, en 2016. “Lorsque je suis revenu, je me suis dit ‘Plus jamais’”, raconte-t-il. Si l’expédition avait été galvanisante, la difficulté physique et les températures extrêmes l’avaient mis à rude épreuve. Mais il y est retourné en 2020 avec son club, cette fois en tant qu’entraîneur. “Nulle part ailleurs dans le monde, on ne peut ressentir l’énergie que l’on ressent là-bas”, ajoute-t-il. Il a fait les deux treks au mois de février [donc en été], lorsque la température frôle les 30 °C le jour mais descend à 2 ou 3 °C la nuit. “Je n’arrivais pas à dormir à cause du froid. Il me semblait impossible qu’ils soient restés là soixante-douze jours, à − 20 °C.”

En près de vingt ans d’activité comme guide de montagne, Eduardo “El Tuiti” Molina a vu ceux qui entreprennent cette expédition réagir de toutes sortes. “La montagne vous apprend beaucoup, déclare-t-il. Face à une telle immensité, on se sent humbles et minuscules. C’est beau mais perturbant.” Il conseille de faire le chemin à pied. “Je suis persuadé que, lorsque les objectifs sont difficiles, les gens sont plus heureux.” Personne ne redescend du site inchangé. “Pour tous les professionnels de la montagne, il est incompréhensible que ces jeunes aient réussi à survivre. Peu importe le nombre de fois où nous sommes allés là-bas, nous nous demandons toujours comment ils ont fait.”

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