Atos veut effacer la moitié de ses 4,8 milliards d’euros de dette

Atos coupe dans le vif. A 17 heures lundi, l’ex-fleuron informatique a dévoilé à ses créanciers l’ampleur des sacrifices nécessaires pour ne pas sombrer. Et la note est salée. Selon nos informations, le groupe exige qu’ils effacent la moitié de ses 4,8 milliards d’euros de dette, ce qu’anticipaient déjà certains porteurs obligataires la semaine dernière. Une coupe qui passe en général par une conversion de la dette en capital et qui pourrait potentiellement amener ses créanciers à devenir actionnaires d’Atos, plombé par 3,4 milliards d’euros de pertes en 2023.

Atos a aussi besoin de 1,2 milliard d’euros de nouveaux fonds de la part de ses créanciers et/ou actionnaires, et de repousser certaines échéances de dette en parallèle, rapportent des sources.

Interrogé, le groupe informatique qui doit annoncer les paramètres de sa restructuration financière mardi matin au marché, n’a pas voulu faire de commentaire.

Selon ces sources, le géant de l’infogérance, du cyber et des supercalculateurs attend en tout cas que ses créanciers remettent leurs propositions pour le 26 avril.

Or sa situation opérationnelle ne devrait pas s’améliorer d’un coup de baguette magique, leur a-t-il annoncé, puisque le chiffre d’affaires est attendu autour de 10 milliards d’euros en 2024, moins qu’en 2023 (10,7 milliards d’euros d’environ), en raison des moindres performances de ses activités d’infogérance. Il faudra probablement attendre 2027 pour que ses revenus remontent à plus de 11 milliards. Interrogé, Atos n’a pas voulu réagi non plus sur ces points.

Alliance en vue

Les actionnaires du géant informatique, qui a vu sa valeur fondre de plus de 80 % en un an, devraient cependant pouvoir compter sur une bonne nouvelle : les banques du groupe ont accepté de débloquer une enveloppe de 400 millions d’euros de prêts. Une bouffée d’oxygène qui devrait lui permettre de pouvoir négocier les termes de sa restructuration financière dans une meilleure position que le cordon totalement serré autour du cou.

L’annonce le 7 avril du ralliement du fonds de restructuration Butler au plan du premier actionnaire David Layani a déjà fait remonter le cours de Bourse, qui a repris près de 19 % dans la journée lundi. Le consortium a pris les devants et fait savoir qu’il présentera un plan de sauvetage le 24 avril.

De plus les créanciers qui portent environ 1,2 milliard d’euros qui arrivent à échéance en novembre 2024 et mai 2025 poursuivraient leur discussion avec l’entrepreneur , selon des proches du dossier. Une alliance entre les deux parties ne serait pas à exclure et faciliterait le sauvetage. Reste à se mettre d’accord sur les termes.