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comment les conquêtes coloniales préfiguraient la crise écologique

Écrit par le 11 avril 2024


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Livre. Originellement paru en anglais en 2021, La Malédiction de la muscade. Une contre-histoire de la modernité (Wildproject, 360 pages, 25 euros) s’annonçait comme le couronnement du triptyque écologique d’Amitav Ghosh, après le roman La Déesse et le Marchand (Actes Sud, 2021) et Le Grand Dérangement (Wildproject, 2021). L’écrivain indien, qui questionnait l’absence du changement climatique dans la création littéraire, s’imposait comme l’une des réflexions les plus stimulantes de ces dernières années. Après deux formes classiques, ce dernier opus se présente comme un hybride, entre le récit et l’essai. C’est en tirant un fil narratif que l’auteur entend déployer ses idées : le « génocide » des habitants de l’île indonésienne de Banda Besar, le 21 avril 1621, par les colonisateurs hollandais.

Derrière le massacre, l’enjeu porte sur la quête du monopole de la noix de muscade, aux usages culinaires et médicinaux très prisés en Europe. Amitav Ghosh déploie une forme singulière qui n’est pas sans rappeler celle de l’écrivain belge David Van Reybrouck – qui s’est d’ailleurs lui-même plongé dans l’histoire de l’Indonésie (Revolusi, Actes Sud, 2022) –, mêlant investigation, documentation massive et écriture narrative. Avec plus de six cents notes, l’auteur natif de Calcutta puise, lui aussi, dans de nombreuses sources, qui servent un propos croisant écologie et colonialisme : les batailles impériales ne furent pas seulement des luttes intrahumaines, mais des « conflits biopolitiques » qualifiés de « guerres de terraformation ».

« Violence sémantique »

Elles ont de ce fait produit de « très graves perturbations biologiques et écologiques », autant que cosmologiques. Car les croyances associées par ces peuples à leur environnement furent elles aussi balayées. Physiquement et symboliquement. Amitav Ghosh qualifie de « violence sémantique » cet écrasement de la diversité des noms sous une toponymie coloniale unique. Mais, après avoir posé ce cadre stimulant, ce dernier perd peu à peu le fil de sa narration – l’histoire de la muscade est laissée en route – et, surtout, de ses idées. L’ensemble se mue alors en une suite de considérations alignées au risque de la redondance, qui diluent son propos dans une addition d’opinions, certes instruites, mais souvent déjà vues.

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Ces développements conduisent en outre à des analyses contestables, en particulier celle qui émerge comme une hypothèse majeure de l’essai. L’auteur entend prendre à revers le « cadre intellectuel et universitaire de l’Occident ». Il l’accuse de réduire la crise écologique à une conséquence du seul capitalisme, et donc d’oublier les structures de pouvoir politique en jeu ; soit les infrastructures énergétiques et logistiques les soutenant, qui participent elles aussi au réchauffement climatique. Une telle analyse repose sur une définition étriquée du concept de capitalisme – réduite à la seule dimension économique – et ignore la littérature critique connectant justement les structures de pouvoir politique et économique comme produits d’un même système de domination. Cette définition, Amitav Ghosh ne la discute pas. Le problème de son essai est peut-être là.

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