IA : les géants de la tech cherchent des alternatives à Nvidia

Dans le royaume des puces pour entraîner et faire tourner les modèles d’intelligence artificielle (IA), Nvidia reste le roi. Mais nombre d’acteurs de la tech veulent se faire une place de seigneur. D’Intel à Google, en passant par Meta, Microsoft ou de nouveaux comme Groq… Tous veulent trouver des alternatives.

« Il faut que l’industrie se diversifie et que l’on ait plus de concurrence sur ce marché », affirme Joëlle Pineau, vice-présidente chez Meta chargée de l’IA.

Cette semaine, coup sur coup, Intel, Google et Meta ont dévoilé des projets dans les semi-conducteurs notamment pour l’IA, relançant la guerre des puces.

Intel dans la course

Intel va ainsi lancer une nouvelle version de ses processeurs appelés « Gaudi 3 », qui seront largement disponibles au cours du troisième trimestre. Cette puce est conçue pour améliorer les performances dans deux domaines clés : l’entraînement des systèmes d’IA et l’exécution des logiciels.

Les versions précédentes de Gaudi n’ont pas réussi à gagner les parts de marché qu’Intel espérait, a reconnu le directeur général, Pat Gelsinger, rapporte l’agence Bloomberg. Mais il s’attend à ce que le nouveau modèle ait un impact plus important. Nvidia « est un bon concurrent, mais les gens veulent une alternative », a-t-il déclaré. « Le monde a besoin de plus de fournisseurs, et nous sommes déterminés à offrir ce choix. » Selon Intel, la Gaudi 3 sera plus rapide et plus efficace en termes d’énergie que la H100 de Nvidia, la puce la plus demandée du marché.

Le prix de cette nouvelle puce n’a pas été dévoilé mais le géant américain a indiqué qu’il serait au-dessous de celui des puces Nvidia. Pour autant, pas facile de détrôner le leader, de l’avis des spécialistes. « Les annonces d’Intel ne devraient pas bouger les équilibres. Nvidia a clairement une longueur d’avance sur ce marché complexe », estime Jacques-Aurélien Marcireau, coresponsable des actions chez Edmond de Rothschild AM. « Il y a une telle demande que tout le monde veut prendre une part du gâteau », ajoute Nicolas Gaudemet, spécialiste IA chez Onepoint. Et ce d’autant que l’essor de l’IA est tel que Nvidia a du mal à faire face à toutes les sollicitations.

Des puces maison chez Google, Meta…

De son côté, Google a dévoilé en collaboration avec Arm de nouvelles puces (de type CPU, pour « central processing unit ») appelées « Axion », et travaille depuis quelque temps sur des puces spécialisées sur l’IA, des TPU (« tensor processing unit »). Cette semaine, le groupe a ainsi annoncé la mise en service de la dernière version de ses TPU, permettant aux systèmes d’IA de faire des calculs plus rapides avec moins d’énergie. Enfin, Meta a aussi déployé mercredi une nouvelle puce « maison » pour ses systèmes d’IA.

Les géants de la tech veillent ainsi à ne pas se laisser dépasser et à créer leurs puces pour leurs propres besoins ou pour leurs clients. « Ils cherchent ainsi à abaisser leurs coûts et à ne pas dépendre d’un seul fournisseur, résume Jacques-Aurélien Marcireau. Mais, en matière d’IA, les puces qui sont dévoilées sont avant tout destinées à faire fonctionner les modèles d’IA – ce que l’on appelle l »inférence’ -, Nvidia restant difficile à challenger sur la partie entraînement. »

« Il y a une sorte de course pour avoir ses propres puces performantes mais les groupes de la tech se heurtent à des difficultés pour les fabriquer en grande quantité, alors que seuls TSMC – avec lequel travaille Nvidia – et sans doute Samsung ont les moyens de produire les puces les plus performantes. Or, les capacités des fondeurs sont limitées », explique Guillaume Girardin, directeur technique du cabinet Yole Group, spécialiste de ces questions.

Dans ce marché des puces pour l’IA, il y a aussi des start-up comme la californienne Groq, présente lundi au Raise Summit pour présenter ses « LPU » (« language processing unit »). « Il y a régulièrement des petits acteurs qui se lancent sur ce marché en pleine croissance. Difficile de dire qui va réussir », note Guillaume Girardin.