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L’EDH fait le « choix stratégique » de fournir moins d’électricité, selon son DG, Jean Errol Morose

Écrit par le 15 février 2022


Vendredi 4 février 2022, Jean Errol Morose, Directeur général de l’Électricité d’Haïti a fait état d’un dilemme : il ne peut fournir que 5 heures par jour de courant électrique par circuit alimenté par son entreprise. « Dans cette conjoncture de déchéance et d’échéance, l’EDH peut-elle s’offrir de consommer quotidiennement 115,000 gallons de diesel rien qu’à la Station de Carrefour 3 ? Des décisions s’imposent…, avait indiqué Jean Errol Morose sur son compte Twitter. Le Nouvelliste a voulu en savoir plus.

Le directeur général de l’EDH, Jean Errol Morose, interrogé par le journal Le Nouvelliste, vendredi 4 février, a affirmé faire le « choix stratégique » de fournir moins d’électricité dans un contexte d’arrêt de certaines centrales pour cause de pannes et de non maintenance des groupes électrogènes.

Le directeur général a aussi avancé le coût élevé du diesel nécessaire pour faire fonctionner la centrale Carrefour 3 (55 mégawatts) et la perte de valeur de la gourde face au dollar, pour expliquer son choix de rationner la production de courant électrique par l’EDH.

Pour le moment, l’EDH ne dispose pour la zone métropolitaine de Port-au-Prince que de 42 mégawatts. Ils sont fournis par E-Power (25 mégawatts) et une des trois turbines de Péligre (17 mégawatts).

Le DG de l’EDH a dit au journal avoir mis à l’arrêt la centrale électrique Carrefour 1, une vieille centrale dont les moteurs ne devraient plus être en marche. Il y a des difficultés à trouver des pièces de rechange pour ses groupes électrogènes.

Problèmes de maintenance et pannes

La centrale Carrefour 2 (qui était opérée dans le temps dans le cadre du financement PetroCaribe) propose des petits groupes de 1.5 mégawatt. La majorité des génératrices de cette centrale est indisponible. Le temps de la maintenance est arrivé.

Pour Carrefour 3, la plus récente des acquisitions de l’EDH, 55 mégawatts sont disponibles sur le papier. Le DG Jean Errol Morose a indiqué avoir choisi d’arrêter cette centrale. Sa consommation journalière de diesel est de 105 à 110 000 gallons de diesel. Le prix du diesel a doublé récemment et le dollar américain s’est apprécié, a dit M. Morose, estimant que demander à l’Etat de fournir ces fonds, « c’est crevé l’Etat ».

Le patron de la compagnie Électricité d’Haïti espère que la centrale Carrefour 3 qui est une centrale mixte pourra bientôt fonctionner au gaz liquéfié. « Entre mars et avril prochain, une fois les aménagements effectués, la centrale fonctionnera au gaz liquéfié ». L’EDH pourra alors fournir l’électricité à un moindre coût.

Dans la liste des problèmes de l’EDH, il y a les cas de la centrale de Varreux 1 qui est à l’arrêt. « On ne trouve pas les pièces de rechange pour faire les réparations ».

Pour Varreux 3, la majorité des groupes est indisponible. « L’EDH ne peut pas faire la maintenance. Cela coûte beaucoup d’argent », a-t-il dit.

« J’ai arrêté le fonctionnement de Varreux 2 parce que la maintenance coûte plus cher que le prix d’une centrale neuve », a poursuivi Jean Errol Morose.

Le courant 24/24 coûte cher

Pour le moment, l’EDH distribue à la population de la région métropolitaine les 25 à 30 mégawatts journaliers de E-Power, un fournisseur privé et les 17 mégawatts provenant de Peligre. L’EDH s’est arrangée pour fournir 5 heures de courant par jour dans ses différents circuits.

« Nous n’avons pas les moyens de donner du courant 24/24. La population ne peut pas payer le courant 24/24 sauf si toutes les centrales étaient hydroélectriques », a dit Jean Errol Morose.

Par rapport aux coûts de production de l’électricité, il faudrait une augmentation des tarifs, selon le directeur général Morose. Mais ce n’est pas quelque chose à envisager dans le contexte actuel pour le gouvernement, a expliqué Morose.

Lors des fêtes de fin d’année, l’État haïtien avait donné 150 000 barils de carburant. « Grâce à cet apport, l’EDH a pu fournir le courant 24/24 pendant deux jours les 24 et 25 décembre à toute la capitale et l’EDH a pu fonctionner jusqu’au mois de janvier. L’état s’est essoufflé après cela », a dit Morose qui croit dans une gestion « correcte » et non dans la fourniture à perte du courant électrique.

Si la centrale hydroélectrique de Péligre fournit 17 mégawatts, elle ne peut pas faire plus pendant la saison sèche actuelle. L’EDH fait tout pour essayer de réparer une turbine en panne et de réaliser la maintenance sur une autre.

Une entreprise sous perfusion

En 2021, l’Electricité d’Haïti a reçu 8 milliards de gourdes de subvention publique, a confié au Nouvelliste le directeur général de l’EDH, Jean Errol Morose, un ancien de la boîte revenu une nouvelle fois aux commandes. Il dit n’en tirer aucun motif de fierté et projette, de préférence, de mettre en place un autre « modèle de gestion » pour sortir l’ED’H de cette dépendance vis-à-vis de l’Etat.

Jean Errol Morose qui se voit plus financier qu’ingénieur, dit tabler, pour le prochain semestre sur une augmentation du taux de facturation et du taux de recouvrement. « J’ai trouvé le taux de facturation en deçà de 50 %. Pour le recouvrement, j’ai vu que l’on a écrit 60 %. Je vais avoir deux mois en poste. Mon objectif est d’atteindre un taux de 55 % de facturation avant la fin du semestre. Pour le recouvrement, je dois faire des efforts colossaux pour arriver à 70 à 80 %. Je peux l’atteindre. Cela va nécessiter des investissements », a expliqué Jean Erol Morose qui dit avoir trouvé l’ED’H avec un parc de véhicules désuets, des véhicules en mauvais état.

Si Jean Erol Morose soutient qu’il faut « réinjecter » de l’argent à l’ED’H, il a cependant souligné que cela ne peut se faire sans une stratégie pour littéralement « recréer » la compagnie, la rendre financièrement et commercialement viable. Il soutient avoir fait le « choix stratégique » de fournir moins d’électricité dans un contexte d’arrêt de certaines centrales pour cause de pannes et de non maintenance des groupes électrogènes.

Source: lenouvelliste