Télécoms : les investissements dans le fixe reculent, une première en 10 ans

Des forfaits parmi les moins chers d’Europe, une fiscalité «plus lourde» que celle qui s’applique au CAC40, des valorisations au plancher en Bourse….Etre opérateur télécoms en 2023 est loin d’être un parcours de santé, si l’on en croit la dernière étude publiée cette semaine par la Fédération des télécoms, qui représente la filière. Pourtant, dans ce tableau sombre, se cache une bonne nouvelle pour les «telcos» : en 2022, les investissements dans les réseaux fixe ont baissé (-4,4%) pour la première fois en dix ans.

Certes, à 10,8 milliards d’euros, la note reste salée. Depuis 2013, année du lancement du plan France Très Haut Débit, les dépenses ont même plus que doublé en valeur, à mesure que les opérateurs déployaient la fibre sur le territoire. Mais aujourd’hui, alors que 84% du pays est couvert, Orange, SFR, Bouygues et Free voient enfin la lumière au bout du tunnel. Dans les zones rurales ou de montagne, les dernières prises à déployer vont bien sûr coûter plus cher — parfois plusieurs milliers d’euros l’unité. Mais globalement la fin du chantier approche.

Des forfaits mobiles à 16 euros

Or jusqu’à présent, ces dépenses record dans les réseaux pénalisaient les opérateurs en Bourse. Sur les marchés, les «telcos» européens ont longtemps été vus comme des machines à brûler du cash, sans retour sur investissement évident. Avec une valorisation représentant 1,1 fois leurs revenus en 2022, soit deux fois moins que les fabricants de terminaux ou les fournisseurs de contenus, «les opérateurs télécoms demeurent les acteurs numériques les moins bien valorisés de l’écosystème» rappelle la FFTélécoms.

En France, cette situation a poussé Altice (la maison-mère de SFR) et Iliad-Free à sortir de la cote. Car parallèlement, l’Hexagone est l’un des marchés les plus concurrentiels : un forfait «triple play» (fibre, télévision et téléphone) vaut en moyenne 30 euros, contre 40 euros en Allemagne et même 105 euros aux Etats-Unis. L’écart est plus grand encore sur le mobile, avec des forfaits 100 Go à 16 euros, presque trois fois moins qu’outre-Rhin…

Tendance baissière

Dans ce contexte, cette tendance baissière va donner un peu d’air aux opérateurs. Chez Orange, l’opérateur qui déploie le plus la fibre, les capex (hors achats de fréquences) ont reculé de plus de 6% sur les neufs premiers mois de l’année, à 4,7 milliards d’euros. L’opérateur a promis une «forte réduction» pour l’ensemble de 2023 et une «discipline accrue» pour 2025.

Les investissements baissent également chez SFR et chez Bouygues Telecom. Seul Free échappe à cette tendance, avec des investissements en hausse de presque 3% sur les trois premiers trimestres. Une hausse liée à la conquête de nombreux abonnés fibre en France qui le pousse à muscler son réseau.