Au chevet des agriculteurs, François-Xavier Bellamy tente de contrer le RN

Un premier déplacement de campagne en pleine crise du monde agricole . La tête de liste LR aux prochaines élections européennes, François-Xavier Bellamy, a tenté ce mercredi de coller à l’actualité en visitant une exploitation agricole de l’Oise. Il est allé à la rencontre d’une dizaine d’agriculteurs, un électorat traditionnellement favorable à la droite.

L’eurodéputé, dont la liste stagne dans les sondages, a tenté de défendre son bilan au Parlement de Strasbourg face aux tentatives de récupération de la colère paysanne par le Rassemblement national, en tête dans les intentions de vote pour le scrutin de juin.

Concurrence du RN

« On ne peut pas traiter les agriculteurs comme des suspects », a-t-il expliqué devant une petite assistance d’exploitants. Les agriculteurs, dont la mobilisation s’intensifie de jour en jour et met en difficulté le gouvernement, dénoncent un excès de normes , les contraintes liées à l’écologie – plusieurs textes « verts » adoptés au Parlement européen sont en voie d’application – ainsi qu’une perte de revenus.

Une contestation de l’Union européenne que le RN entend exploiter à cinq mois des élections. Son président, Jordan Bardella, aussi tête de liste aux européennes, multiplie les déplacements auprès des agriculteurs et des pêcheurs. L’extrême-droite défend l’instauration d’une « exception agriculturelle » française au niveau européen tout en condamnant l’inaction du gouvernement.

« Depuis dix ans, c’est très compliqué financièrement », confie Bertrand Chouffier, l’agriculteur qui a accepté la venue de François-Xavier Bellamy dans son exploitation à la demande de Julien Dive, député LR de l’Aisne voisine.

Ce dernier est à l’origine d’une proposition de loi sur les petites retraites agricoles, adoptée l’année dernière au Parlement, et veut présenter dans les jours prochains un Livre Blanc sur le secteur au nom de son parti.

Bardella, « il rentre, il parle et il repart »

La percée du RN dans le monde agricole effraie la droite qui joue sa survie aux prochaines élections européennes. « Est-ce que le RN a déplacé une seule virgule d’un texte européen ? », s’agace le candidat Bellamy devant les journalistes.

S’il reconnaît que le « chemin est étroit » pour sa liste, l’élu peaufine ses angles d’attaques en prévision des débats qui ne manqueront pas d’avoir lieu entre lui et les autres têtes de liste, dont Jordan Bardella : « Le RN va essayer de faire rêver les gens mais ils ont déjà gagné les élections européennes de 2019. Les Français leur ont donné une chance », veut-il démontrer. « Bardella, qui n’est jamais en commission, vient seulement en plénière. Il rentre, il parle et il repart », attaque l’eurodéputé.

Bilan

Pour l’instant crédité de 8 % des intentions de vote, en baisse de 1 point, dans le baromètre OpinionWay-Vae Solis pour « Les Echos », François-Xavier Bellamy peine à exister alors que la campagne tourne déjà à un duel entre le RN à la majorité présidentielle . Pour desserrer l’étau, ce philosophe de formation veut faire valoir son travail assidu en commission et au sein du Parti populaire européen (PPE), la première formation politique à Strasbourg.

« On ne s’est pas contenté de dire « non », mais on a essayé en permanence de construire des majorités. On est allé chercher les voix une par une, contrairement au RN qui lui n’a rien fait », justifie Anne Sander, eurodéputée, membre de la commission Agriculture et présente, ce mercredi, aux côtés de François-Xavier Bellamy.

Devant l’assistance, les deux élus énumèrent soigneusement tous les textes auxquels ils se sont opposés, de la restriction de l’usage des pesticides au gel de 10 % des surfaces agricoles. Suffisant pour empêcher la tentation d’un vote RN ? Un producteur laitier résume crûment, après avoir pris la parole : « Vous ne nous donnez pas d’espoir parce que vous dites vous-même que ça fait cinq ans que vous vous battez. »