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La chronique de Marc Lambron : et Giscard vota Mitterrand

Écrit par le 5 avril 2024


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Les jours ont passé, et il n’est plus là. On connaissait Frédéric Mitterrand avant de connaître Frédéric Mitterrand. Non parce qu’il était le neveu d’un homme politique présent dans la vie nationale depuis les années 1950, mais grâce à cette réputation qui se mit à grandir vers la fin des années 1970 : dans le quatorzième arrondissement de Paris, un jeune homme avait repris un cinéma vermoulu, l’Olympic, pour en devenir le propriétaire et le programmateur. C’était comme une Cinémathèque bis à la façon dont il était un Mitterrand bis. Ses goûts dessinaient un autoportrait : la fascination énamourée pour les stars de Hollywood à la Gene Tierney ou Kim Novak, les mélodrames de Douglas Sirk, le cinéma égyptien avec ses stars roucoulantes, Faten Hamama ou Farid El Atrache. Lorsque l’Olympic fit faillite, Frédéric en assuma scrupuleusement la dette pendant des années : il ne lui déplaisait pas de penser que la vie est un film où il faut payer.

On connaissait Frédéric Mitterrand avant de connaître Frédéric Mitterrand parce que la télévision installa, avec « Etoiles et Toiles », la voix d’un grand documentariste arpentant les boulevards du crépuscule pour mieux honorer ses nostalgies de Celluloïd. Il fit une signature amusée de ce « Bonsoir » nasillard qui concluait chacun de ses portraits de stars. L’homme portait déjà avec lui une sorte de légende quand je le connus au milieu d’un aréopage singulier. Bernard Fixot avait pris la direction de la maison Robert Laffont, où il institua vers 1996 un « comité d’idées » se réunissant mensuellement autour d’un déjeuner. La chose resta discrète, mais y participaient Bernard Kouchner, Marek Halter, Luc Ferry, Franz-Olivier Giesbert, Nicole Wisniak, Fréderic Mitterrand, ainsi que votre serviteur. A cette époque, seul Bernard Kouchner avait tâté d’un ministère, mais cela adviendrait ensuite pour Luc Ferry et Frédéric Mitterrand. Une pépinière ?

Une ombre qu’il vient de retrouver

Un hiver, il m’invita dans sa maison de Hammamet, taillée dans la muraille de la citadelle, sur un rivage où l’on avait vu Churchill, le grand photographe Hoyningen-Huene et le futur réalisateur Jean Negulesco. Frédéric en narrait la légende sans micro ni caméra. Plus tard, à Rome où il dirigea la Villa Médicis, je le revois par une nuit de mai, marchant dans les jardins en s’octroyant un cigare à la Zanuck devant les statues de demi-dieux antiques. Lorsqu’il se présenta à l’Académie française, où siégeait l’ancien président que son oncle avait battu, il se passa cette chose unique : Giscard vota Mitterrand. Ce qui ne suffit pas à l’y faire élire. L’un des derniers textos que j’aie reçus de lui faisait suite à la diffusion de l’un de ses documentaires, consacré à Lana Turner. Il commentait : « Lana, Lanita, un portrait de ma mère une fois de plus. » Frédéric adulait cette figure d’un certain Paris années 1950, une mère dont il ne cessa jamais de poursuivre le sillage parfumé. C’est sans doute cette ombre qu’il vient de retrouver.

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