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La chronique de Marc Lambron : inintelligence artificielle

Écrit par le 2 février 2024


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Nous voilà donc cernés par l’intelligence, ce qui est assez nouveau, et pourrait d’ailleurs nous réjouir. Il est vrai qu’elle est artificielle, comme les fleurs du même nom ou les feux d’artifice, ce qui la placerait entre le leurre et l’explosion. Le dictionnaire de l’Académie française, dont j’indique au passage que la version numérisée de sa dernière édition est gratuitement disponible en ligne, nous indique que le mot provient du latin « artificium », signifiant art ou métier, et par extension habileté ou ruse. Il y aurait donc de l’art dans l’artifice. Les nombreux lecteurs de Suétone qui suivent cette chronique savent que l’empereur Néron, au moment de se poignarder, lâcha théâtralement : « Qualis artifex pereo », autrement dit « Quel artiste périt avec moi ». Pour qui avait mis le feu à Rome, c’était d’une modestie pyrotechnique.

Revenons à l’IA. Pour un homme de ma génération, l’évaluation des aptitudes mentales passait à l’école primaire par des tests permettant de déterminer le quotient intellectuel d’un sujet, abrégé en QI. On en déduisait qu’il existait des ânes bâtés et des « surdoués », puisque tel était le vocable en vigueur. Le surdoué, au demeurant, était volontiers tourné en dérision, car on le dépeignait souvent comme un être étourdi et boutonneux portant des chaussettes de différentes couleurs.

Dans les temps récents, le surdoué est devenu le HPI, abréviation de « Haut Potentiel Intellectuel », notion qui fait florès depuis un certain feuilleton télévisé, tant nombre de parents d’élèves se convainquent que les mauvaises notes de leur enfant sont l’indice d’une supériorité prodigieuse que l’institution scolaire est incapable de détecter.

Les subtils et les crustacés

Pour ma part, j’ai longtemps appliqué la critériologie définie par André Gide, qui divisait le genre humain entre les subtils et les crustacés. On voit assez bien ce que cela veut dire, et vous passerez d’amusantes soirées si vous soumettez à ce filtre les noms figurant sur votre carnet d’adresses, pour ne pas parler des grandes figures de la vie nationale. Subtil ou crustacé ? Mais voici que tout ce paysage est bouleversé par des algorithmes venus d’ailleurs, des bits en folie supplantant implacablement nos facultés neuronales.

Que l’intelligence artificielle offusque notre modestie, c’est une chose. Mais elle pourrait tout de même avoir l’élégance de prévoir des figures d’ « inintelligence artificielle ». L’algorithme se tromperait alors avec bonne grâce, perdrait au jeu de go, tomberait dans de gros panneaux, le céderait courtoisement à notre puissance psychique menacée. Au demeurant, on peut déjà trouver dans le genre humain, notamment en politique, des spécimens qui combinent une certaine lourdeur d’esprit avec un sens de l’artifice, validant ainsi cette notion. Je ne vais pas citer ici Louis Boyard ou Anne Hidalgo. Mais enfin, au palmarès de l’inintelligence artificielle, il y a déjà du monde à la tribune.

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