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“La fausse couche est largement invisible. Comme la plupart des chagrins”

Écrit par le 31 mars 2024


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En juin, mon mari et moi avons découvert que nous attendions un enfant. Il devait être le troisième bébé que nous perdrions en deux ans. Je dis “bébé” mais je sais que c’était un embryon : son cœur s’est arrêté de battre à six semaines et deux jours. Je dis “bébé” parce que je sens son poids sur ma poitrine et je vois ses cils dans ma tête. Je dis “bébé” pour honorer le chagrin de toutes celles qui comme moi ont perdu un bébé qui n’existait que dans leur corps et leur tête. Nos bébés ont existé en tant que rêves puis en tant que souvenirs.

La nuit, je fermais les yeux et m’angoissais à l’idée de faire une fausse couche de plus. Je m’endormais en imaginant que je pourrais lui créer un environnement confortable pour qu’il reste. Je m’accrochais une guirlande lumineuse en travers du bassin. Comme je n’avais pas besoin d’espace dans cette première nursery, j’ajoutais Paul, debout à côté du gril, en train de faire du poulet glacé au poivre de Cayenne et au sucre brun.

Voilà ton papa, bébé. Regarde ses cils. Regarde sa gentillesse. Reste.

Donner du sens à ce qu’on vit

J’ai du mal à assumer le poids de mon désespoir compte tenu du minuscule âge gestationnel de mes bébés. Cinq semaines, six semaines, sept semaines. Naissance prévue le 26 juin 2022. Naissance prévue le 21 novembre 2022. Un an à travailler la nuit pour essayer. Puis naissance prévue le 17 mars 2024 ! En fait, pas de naissance du tout.

Je suis sage-femme, j’ai découvert chacun de ces âges gestationnels sous une sonde d’échographie, je m’extasiais avec les parents du bond qui se produit dans le développement entre six et neuf semaines. La colonne vertébrale apparaît en premier, une courbe de crevette de la tête à la queue. Puis les bras et les jambes poussent comme des chatons de saule et la colonne vertébrale commence à se redresser. La nature reproduit ses schémas – les vaisseaux sanguins se dirigent vers leur destination comme les fleuves vers la mer, les plantes vers le soleil. Je me dirige vers du sens à partir de ce que j’ai vécu.

Je ne prétends pas savoir quand les embryons des autres deviennent des bébés ni si une grossesse non désirée le devient jamais. Toutes les histoires que j’ai entendues de mes clientes qui souhaitaient avorter m’ont permis de formuler ma conviction fondamentale dans l’exercice de mon métier : ma responsabilité n’est pas de comprendre ce que vit chaque personne ; ma responsabilité, c’est de me rappeler que je ne pourrai jamais comprendre ce que vit une personne mieux qu’elle.

Je me suis retrouvée enceinte quand j’avais une vingtaine d’années et n’ai pas gardé l’embryon. J’imaginais l’enfant qu’il pouvait devenir mais j’étais dans une relation qui n’était sûre ni pour moi ni pour mon compagnon, et encore moins pour un bébé. J’imaginais cet enfant essayant d’obtenir l’amour que j’essayais d’obtenir. Je l’imaginais me poursuivant, poursuivant mon compagnon.

L’amour que Pau

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