l’Indre-et-Loire reste en vigilance rouge, une personne recherchée en Haute-Vienne

De nombreuses évacuations ont eu lieu ou sont en cours en Indre-et-Loire et dans la Vienne, en raison des fortes crues des rivières qui surviennent depuis samedi dans le Centre-Ouest du pays. Un kayakiste est toujours recherché.

L’alerte a été donnée, samedi, vers 16 heures par plusieurs témoins qui ont aperçu le kayakiste « en difficulté » depuis la commune d’Aixe-sur-Vienne (Haute-Vienne), à 10 kilomètres à l’ouest de Limoges. « Ils jugeaient de loin qu’il avait du mal à contrôler. C’est à partir de là que des recherches ont été lancées » sur une dizaine de kilomètres, a expliqué à l’Agence France-Presse (AFP) le secrétaire général de la préfecture de la Haute-Vienne, Laurent Monbrun. Comme la veille, les recherches menées dimanche « jusqu’à la frontière avec la Charente » par la gendarmerie, avec un hélicoptère en appui, n’ont rien donné, a fait savoir la préfecture. Elles reprendront lundi matin, dans une zone désormais en décrue et sans vigilance particulière.

Plus au nord, l’Indre-et-Loire reste classée en vigilance rouge pour la journée de lundi, et la Vienne a été reclassée dans la soirée de dimanche, en vigilance orange par Météo-France. Dans ces trois départements − la Haute-Vienne, la Vienne et l’Indre-et-Loire −, le gouvernement a lancé « la procédure accélérée de reconnaissance de l’état de catastrophe naturelle », a annoncé, dimanche soir, M. Darmanin, sur X.

Au total, les crues de la Creuse et de la Vienne concernent 34 communes, lesquelles ont déployé leur plan communal de sauvegarde. Au total dans toute la zone Centre-Ouest, plus de 450 sapeurs-pompiers ont été mobilisés et une trentaine de routes se sont trouvées inondées, selon une source policière.

La crue de 2007 susceptible d’être dépassée en Indre-et-Loire

En Indre-et-Loire, plusieurs centaines de personnes étaient en cours d’évacuation dimanche soir dans un faubourg de Chinon et dans les villages alentour en prévision de la montée des eaux de la Vienne. « Alerte extrêmement grave (…) Quittez votre logement après fermeture de l’eau, du gaz et de l’électricité », ont pu lire les habitants sur leur téléphone portable.

Au même moment, des dizaines de camions de pompiers étaient stationnés sur le quai Danton, au bord de la Vienne en crue, et sur le pont routier qui relie le centre-ville au faubourg Saint-Jacques, sur la rive opposée, a constaté une journaliste de l’AFP. Au total, « 750 personnes seraient potentiellement concernées par des évacuations préventives liées à la montée des eaux sur les secteurs de Chinon, Savigny-en-Véron, Beaumont-en-Véron et Saint-Germain-sur-Vienne », avait annoncé la préfecture d’Indre-et-Loire un peu plus tôt dans un communiqué de presse.

Deux centres d’hébergement d’urgence, un gymnase et un centre de loisirs, « vont être armés par les associations de sécurité civile », a-t-elle précisé, alors que 150 gendarmes et sapeurs-pompiers sont toujours engagés spécifiquement sur la crise.

Les pics de la crue sont susceptibles d’intervenir lundi entre 3 heures et 5 heures du matin, à Chinon, avec une hauteur prévisible de 5,30 m à 5,62 m, qui pourrait dépasser la crue de mars 2007 (5,39 m). Dimanche soir, à 22 heures, la Vienne est montée jusqu’à 5,24 m, touchant presque les arcades du pont, emportant plusieurs troncs d’arbres à son passage, a constaté une journaliste de l’AFP.

« Il n’y a pas eu l’intensité que nous craignions »

Jusqu’à dimanche soir, les évacuations n’avaient concerné que 154 personnes dans le département, dont 73 résidents d’un Ehpad sur la commune de L’Île-Bouchard, en bord de Vienne.

En amont, à Nouâtre, une commune de 900 habitants, l’eau est montée de plus de six mètres en 36 heures, dépassant le niveau atteint le 8 janvier 1982. Plus au nord, sur la rivière Creuse, l’eau est même montée jusqu’à 7,34 m à Descartes, au-dessus de la crue du 4 mars 1923.

Les crues sont pour le moment moins importantes que redouté samedi soir. « Il y a eu des dégâts, mais finalement, il n’y a pas eu l’intensité que nous craignions », a expliqué le préfet d’Indre-et-Loire, Patrice Latron, au cours d’une conférence de presse. La préfecture met néanmoins en garde contre « des phénomènes de rupture ou de débordement de digues » et sur la dangerosité des « zones en sous-sol, notamment les parkings souterrains ».

Dans la Vienne, la rivière Creuse a atteint 6,78 mètres à la Roche-Posay, dépassant la crue historique de 1982. Elle devrait remonter en fin de matinée et s’approcher du record de 1896, a expliqué sur place un technicien de Vigicrues à l’AFP.

« Pour moi, c’est la crue du siècle »

L’eau s’est engouffrée dans plusieurs maisons situées sur les berges, sans atteindre le centre-ville, situé plus en hauteur. « J’habite à la Roche-Posay depuis les années 1960, je n’ai jamais vu ça. Pour moi, c’est la crue du siècle. L’hippodrome a déjà été inondé en bordure, mais là, c’est devenu un lac », a témoigné Jean-Louis Olivier, président de la société des courses, devant l’hippodrome intégralement englouti par la rivière.

« Suite aux fortes intempéries des deux derniers jours, la Creuse, la Gartempe et la Vienne ont atteint des pics de hauteur exceptionnels liés à une pluviométrie de 100 mm en deux jours, l’équivalent de deux mois de pluie », a précisé la préfecture de la Vienne dans un communiqué.

Dans ce département, 150 pompiers et gendarmes sont mobilisés, et une dizaine de routes ont été coupées par la montée des eaux, a fait savoir la préfecture. Le réseau d’eau potable a été coupé dans trois communes du sud de la Vienne après les crues de la veille. Trois communes étaient « en difficulté » en Indre-et-Loire, dimanche. Des distributions d’eau potable sont organisées.

Sur la rivière Creuse, « on est au-delà de la crue décennale. Je ne sais pas encore si on peut parler d’une crue centennale », a déclaré le préfet d’Indre-et-Loire.

Quatre départements en vigilance orange

Dans l’Indre, placé actuellement en vigilance jaune pour crues et orages, la préfecture a annoncé dans un communiqué dimanche matin : « La situation s’est améliorée, mais la vigilance est requise. » Si les tronçons de la Creuse médiane et de l’Indre amont « sont en phase de décrue » annonce la préfecture, « trente-sept foyers demeurent encore sans électricité », précise-t-elle.

Par ailleurs, Météo-France a également placé en vigilance orange « crue » les départements de la Charente, de la Charente-Maritime, de la Gironde et de la Dordogne. La Haute-Vienne n’est plus concernée.

La vigilance orange « avalanches » a été lancée dans les Alpes-de-Haute-Provence et dans les Alpes-Maritimes pour le massif du Mercantour, à partir de dimanche après-midi. « Les précipitations les plus intenses sont attendues dimanche en soirée et la nuit suivante. Des avalanches ont d’ores et déjà été signalées sur la route d’Isola 2000 », a fait savoir Météo-France dimanche. La route menant à cette station de ski des Alpes du Sud, dont la saison devait se terminer le 14 avril, a été fermée dimanche, dans les deux sens, « pour une durée indéterminée », a expliqué la métropole de Nice dans un communiqué.