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Mathieu Belezi, tout feu tout flamme

Écrit par le 8 avril 2024


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Dans l’Algérie de la guerre d’indépendance, entre Attila et Gargantua, il y a Albert Vandel, richissime colon français de « cent quarante ans » et « cent quarante kilos de gloire ». « Bobby caïd, Bobby baroud, Bobby la baraka », le monstre n’est que « ventre de khalife » et « braquemart de vingt-cinq centimètres ». Entouré de mercenaires et de servantes, le bonhomme assiste à la chute de son empire depuis sa tour d’ivoire et Mathieu Belezi se mue en rapporteur du soliloque infernal.

Le « ils ne m’auront pas » de Vandel revient à chaque chapitre tandis que le FLN avance dehors. Dans son isolat de stupre et de démesure, le vieillard adipeux ressasse jusqu’à lasser Ouhria, sa servante. Chaque chapitre s’établit dans les cris et les canonnades, l’apocalypse de la guerre est partout et pourtant Vandel préfère s’enfoncer dans la nostalgie, s’ensevelir dans le récit intarissable de ses chasses, de ses banquets, de ses orgies et de ses rapines.

Gageure soutenue

Ce n’est pas avec une citation qu’on peut communiquer ou même décrire le style pratiqué par Belezi dans « Moi, le Glorieux ». Enturbanné d’excès, tempétueux, cru, construit sur la répétition autant que la graisse chiffrée jusqu’à l’obsession, son monologue broie le lecteur : rien ne semble pouvoir faire cesser le ressac de la langue estomac d’Albert Vandel. Il n’y a qu’un point par chapitre, le reste est en virgules.

La vérité historique n’est pourtant jamais loin et la vapeur s’inverse progressivement à mesure que la nécessité abhorrée de fuir « son » Algérie s’impose à Albert Vandel. Roman de terre brûlée et de course éperdue contre la fatalité, « Moi, le Glorieux » hystérise la guerre pour en extraire le substrat mythologique jusqu’à flirter avec le conte épique ou le poème en prose hallucinatoire.

« Suis-je en train de devenir fou ? » Albert Vandel s’interroge sur son lit « d’empereur de Chine », horizontal au creux de son règne immolé, à cheval entre « Les Romains de la décadence » de Couture et « La Mort de Sardanapale » de Delacroix. Tenir plusieurs centaines de pages dans le crâne d’un monstre ? Gageure tenue. Avec son roman d’apocalypse, de flamme et de sang, Belezi signe l’un des titres les plus remarquables de ce début d’année littéraire.

Moi, le Glorieux

Roman français

de Mathieu Belezi.

Le Tripode, 336 p., 21 euros.

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