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Mobilité : Bib offre une seconde chance aux batteries usagées

Écrit par le 27 mars 2024


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Quelques réalisations et une volonté réelle, mais des résultats encore insuffisants sur fond d’incertitudes stratégiques. Voilà comment on pourrait résumer le rapport de la Cour des comptes européenne sur la politique industrielle relative aux batteries électriques menée par l’Union européenne. Alors que leur fabrication est un « impératif stratégique », le continent stagne à environ 7 % de la production mondiale de ces composants essentiels, à égalité avec les Etats-Unis mais loin derrière la Chine (76 %). Or, si l’on compte environ 5 millions de véhicules électriques en Europe, le chiffre pourrait grimper à 30 ou 40 millions d’ici la fin de la décennie. Et ce sans compter les scooters, vélos ou autres trottinettes propulsés à l’électron, toujours plus nombreux. L’enjeu est donc colossal, à la fois stratégique et écologique.

D’abord, même si le Vieux Continent se couvre à l’heure actuelle de « giagafactories » de batteries, les matériaux critiques nécessaires à leur fabrication – lithium, cobalt, manganèse, nickel – sont extraits loin de ses frontières, accroissant la dépendance des Etats européens. Ensuite, parce que le bilan carbone d’une batterie pour voiture est loin d’être neutre. Dans une étude de mai 2023, le cabinet d’études Carbone 4 avait en effet calculé qu’une batterie classique de 52 kWh destinée à équiper une voiture citadine pouvait émettre jusqu’à 12,6 tonnes de CO2 sur son cycle de vie ! En revanche, ce chiffre peut chuter de 60 %, à 5,1 tonnes, si le processus de fabrication et d’assemblage intègre des matériaux et des techniques moins intensives en carbone. Et la première solution reste, bien sûr, de faire durer au maximum la vie d’une batterie pour en rentabiliser le coût carbone.

Le logiciel va suivre et interpréter en temps réel les données fournies par le BMS, le système embarqué dans les batteries permettant la surveillance et le contrôle de ce composant. 

Le logiciel va suivre et interpréter en temps réel les données fournies par le BMS, le système embarqué dans les batteries permettant la surveillance et le contrôle de ce composant. Bib Batteries

C’est la conclusion à laquelle sont parvenus deux étudiants, Martin Vaz et Pierre-Amans Lapeyre, lorsqu’ils se rencontrent sur les bancs du master X-HEC Entrepreneurs, commun aux deux prestigieuses écoles d’ingénieur et de commerce. « Nous voulions tous les deux monter une entreprise participant à la transition écologique, raconte Pierre-Amans Lapeyre. Martin connaissait déjà bien le sujet batteries grâce à sa formation d’ingénieur à Polytechnique, tandis que j’avais travaillé chez Renault sur la seconde vie des batteries des Zoe. » Et le binôme constate que la situation n’est guère satisfaisante, les batteries usagées étant souvent jetées alors qu’elles pourraient être réparées ou encore servir. Pour y remédier, ils créent en 2021 l’entreprise Bib Batteries.

Un outil d’aide à la décision

Pour les deux jeunes gens, la priorité est de donner aux utilisateurs réguliers de véhicules à batteries, comme les gestionnaires de flotte, un moyen pour leur permettre de connaître avec précision la santé de ces composants et, en fonction de celle-ci, de proposer une solution pour la réparer ou la réemployer, plutôt que de l’envoyer au recyclage, encore embryonnaire en Europe. « Nous avons mis au point un logiciel capable à la fois d’anticiper la fin de vie des batteries et d’afficher les besoins du marché en matière de batteries de seconde main », résume Pierre-Amans Lapeyre.

Ce logiciel va suivre et interpréter en temps réel les données fournies par le BMS, le système embarqué dans les batteries permettant la surveillance et le contrôle de ce composant. En plus de ces informations, l’outil va également afficher les renseignements sur la valeur économique de la batterie, en fonction de son état. « Quand le client se connecte, il connaît ainsi la santé de sa flotte, combien lui ont coûté ses batteries le mois dernier et quelles batteries posent problème en temps réel », explique le président de Bib.

En fonction des défaillances détectées, le logiciel propose plusieurs solutions aux gestionnaires de flottes, en fonction des problèmes propres à chaque batterie : la réparation, si celle-ci est rentable d’un point de vue économique, la vente à une entreprise utilisant des batteries de seconde main ou, enfin, si le composant s’avère bel et bien hors-service, une solution de recyclage. « Et dans 99 % des cas, la solution la plus économique est aussi la plus écologique », se réjouit Pierre-Amans Lapeyre.

Un réseau de partenaires

Mais la jeune société ne se contente pas d’offrir à ses clients le diagnostic et l’aide à la décision. Elle a également mis sur pied un réseau européen de constructeurs (Mercedes-Benz), de réparateurs (VoltR, Revolte, Doctibike), de recycleurs et d’entreprises utilisant les batteries de seconde main. « Pour simplifier la vie des gestionnaires, nous achetons nous-mêmes les batteries en fin de vie, que nous stockons soit chez nos clients, soit dans nos propres entrepôts, et nous nous chargeons de les envoyer à nos partenaires pour réparation, seconde vie ou recyclage », fait savoir le jeune entrepreneur. Une manière de simplifier drastiquement la gestion des batteries pour ses clients – parmi lesquels on compte notamment la plupart des grands noms des vélos, scooters ou trottinettes électriques en libre-service en Europe, comme Voi ou Dott, mais aussi La Poste.

Martin Vaz et Pierre-Amans Lapeyre, fondateurs de Bib Batteries. 

Martin Vaz et Pierre-Amans Lapeyre, fondateurs de Bib Batteries. Bib Batteries

Les possibilités de seconde vie pour les batteries sont en effet nombreuses. Une fois qu’elles ne sont plus aptes à leur rôle initial, comme propulser une voiture, elles peuvent être utilisées pour le stockage statique destiné aux énergies renouvelables ou à l’équilibrage du réseau, voire comme générateurs de secours ou servir à d’autres véhicules moins exigeants, comme les chariots de golf ou les transpalettes. Une manière de réduire l’impact environnemental en évitant la fabrication d’une batterie neuve ou même le recyclage, pas tout à fait neutre d’un point de vue écologique. L’entreprise estime en effet que le recyclage émet 20 kg de CO2 par kWh, un chiffre qui grimpe en moyenne à 100 kg de CO2 par kWh pour la production de composants neufs. Avec 50.000 batteries surveillées, dont 5.000 sont passées par l’étape « réparation » et 10.000 par la case « seconde vie », Bib Batteries estime avoir évité 375 tonnes de dioxyde de carbone depuis sa création.

Et l’activité de la sémillante start-up ne s’arrête pas à la surveillance des flottes en temps réel, elle offre aussi ses services aux réparateurs et aux entreprises utilisant des batteries de seconde main, en leur permettant de faire un diagnostic unique d’un stock de cellules en fin de vie. Elle a ainsi mis en ligne une véritable place du marché où s’échangent des batteries usagées en fonction des besoins de chacun. Leur outil a ainsi permis de recaser 150.000 de ces composants en Europe.

Des millions de batteries en fin de vie

Jusqu’à peu, ces chiffres ne concernaient que les batteries issues de la mobilité légère, trottinettes, vélos et scooter. Ce n’est que récemment que l’entreprise de huit salariés a noué des partenariats avec des constructeurs automobiles, afin d’augmenter sensiblement son impact. Ainsi, en 2024, chacun des deux secteurs devrait représenter la moitié de son activité.

Son modèle économique repose à la fois sur un abonnement pour le suivi au quotidien des flottes et sur une commission prélevée sur chaque transaction de batteries d’occasion. De quoi atteindre un chiffre d’affaires de 200.000 euros en 2023. « Nous permettons à nos clients de baisser de 20 % à 40 % les coûts d’exploitation de leur flotte électrique, notamment en économisant le prix du recyclage ou le rachat d’une batterie neuve. Sur tous les composants défectueux que nous avons eus à traiter, j’estime qu’environ 40 % sont réparables, 40 % peuvent connaître une seconde vie et seulement 20 % doivent être recyclés », indique le président de la start-up.

Une meilleure gestion qui tombe à pic, alors que les premières batteries mises sur le marché arrivent en fin de cycle. Et leur flot ne fera que grossir. Alors qu’en 2023, cette situation concernait environ 30.000 composants équipant les voitures et 4 millions pour la micromobilité, le nombre de batteries en fin de vie bondira à 600.000 pour les automobiles et à 24 millions pour la micromobilité en 2030. « Heureusement, d’ici là, le recyclage sera devenu plus performant, veut croire Pierre-Amans Lapeyre, notamment grâce à une réglementation européenne qui prévoit d’augmenter la part des mat ériaux recyclés dans la fabrication de batteries neuves, d’améliorer leur traçabilité et leur réparabilité. » En attendant, il est urgent de revoir la mentalité dominante du « tout recyclage » pour entériner les nombreux avantages économiques et écologiques du réemploi et de la réparation.

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