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Papillomavirus : pourquoi la campagne de vaccination peine à décoller en France

Écrit par le 9 février 2024


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Une promesse présidentielle qui peine à se concrétiser. Seuls 10 % des élèves de 5e ont reçu une première dose de vaccin contre le papillomavirus, selon des chiffres communiqués jeudi par le ministère de la Santé. Si ces résultats doivent encore être consolidés, ils restent bien loin de l’objectif de 30 % d’élèves vaccinés, fixé début septembre. 

 Manque de communication, organisation administrative lourde, méconnaissance du vaccin… plusieurs éléments permettent d’expliquer ce retard à l’allumage. Tour d’horizon.

Des bénéfices mal connus

Selon les chiffres du ministère, « au moins 92.262 élèves ont été vaccinés dans les collèges au 23 décembre 2023 ». Les collégiens du secteur privé n’ont, eux, pas été conviés à la campagne, en raison du refus de l’enseignement catholique. Un bilan en demi-teinte pour la Société française de colposcopie et de pathologie cervico-vaginale (SFCPCV), qui pointe du doigt un niveau d’organisation lourd, pour les parents notamment.

« Une lettre d’information était d’abord remise à tous les élèves, il leur fallait ensuite l’autorisation des deux parents légaux et leur carnet de santé le jour de la vaccination », énumère le professeur Geoffroy Canlorbe, secrétaire général de la SFCPCV et praticien à l’AP-HP. « Dans beaucoup de pays où la vaccination est organisée à l’école on informe juste les parents qu’elle aura lieu tel jour », explique-t-il. L’absence de lien de proximité est aussi mis en avant. Le choix de faire vacciner les enfants par des équipes mobiles, extérieures aux établissements, ayant ainsi pu refroidir certains parents.

Le manque de communication est aussi souligné. « Il y a un défaut de communication sur ce que c’est que le papillomavirus, mais aussi sur l’intérêt de la vaccination. Il y a une méconnaissance du public en général et peut être même du personnel médical », estime le gynécologue Geoffroy Canlorbe. Un effet que la Direction générale de la Santé espère voir se résorber. Depuis septembre, une campagne d’information et de communication a été déployée par l’Institut national du Cancer (INCA). Il est possible que l’opération « se traduise par une augmentation des vaccinations » par les médecins en cabinet, espère le ministère de la Santé.

Une efficacité certaine

Ces derniers ont aussi un rôle à jouer pour atteindre l’objectif de 80 % des jeunes filles vaccinées contre les papillomavirus humains (HPV) d’ici 2030. Une enquête téléphonique, menée en 2021, prouve que lorsqu’une mère pense que les médecins voient cette vaccination comme une bonne idée, leur fille a 5 fois plus de chance d’être vaccinée. Reste que les généralistes, de moins en moins nombreux, n’ont pas toujours le temps pour aborder ces questions de prévention, et battre en brèche les idées reçues sur le vaccin.

Si cette première campagne de vaccination dans les collèges a été entachée par la mort accidentelle d’un élève à la fin du mois d’octobre, le vaccin n’est pas en cause rappellent les autorités de santé. Près de Nantes un élève avait lourdement chuté de sa chaise, après un malaise. « Ce type de malaise peut survenir du fait du stress provoqué par la vaccination, mais est sans lien avec le produit vaccinal ou un défaut de qualité du vaccin », avait souligné l’Agence régionale de santé dans un communiqué.

L’efficacité de la vaccination a, en outre, été observée dans des pays où le nombre de jeunes adultes vaccinés est important. C’est le cas de l’Australie, pays en passe d’éradiquer les pathologies liées à l’infection.

Un vaccin associé à la sexualité

Le vaccin reste aussi largement associé à la sexualité. Dans sa thèse, soutenue en 2022, Fadia Dib, médecin de santé publique à la direction générale de la Santé, souligne que « les facteurs les plus fortement associés à l’absence de vaccination anti-HPV des jeunes filles étaient liés à leur âge, réel ou ressenti par leur mère ». Ainsi, « quel que soit leur âge, le fait que les mères pensent qu’elles étaient trop jeunes pour être vaccinées contre une infection sexuellement transmissible réduisait de 84 % leur chance d’avoir reçu le vaccin », souligne-t-elle auprès de l’Inserm.

L’enjeu est pourtant immense. Le vaccin prévient jusqu’à 90 % des infections HPV à l’origine de certains cancers et de verrues cutanées. Et chaque année, en France, 6.400 nouveaux cas de cancers sont causés par des papillomavirus humains. Parmi eux, les cancers du col de l’utérus, du pénis, de la vulve et du vagin, mais aussi de la bouche ou de la gorge.

La France à la traîne

La France reste à la traîne. L’Hexagone se place à la 27e position en Europe, avec une couverture vaccinale de 28 %. Les filles plus nombreuses à avoir reçu l’injection (47,8 % à 15 ans, contre 12,8 % des garçons), la vaccination n’étant préconisée que depuis 2021 pour les jeunes hommes.

Tout ne semble pas perdu pour autant. « Quand on regarde l’exemple des pays étrangers, on se rend compte que les pays qui ont les plus hauts taux de couverture sont ceux qui vaccinent à l’école », souligne Geoffroy Canlorbe. « Cela fait à peine un an que le président a annoncé la mise en place de cette vaccination, il a fallu que tout le monde s’organise alors que logistiquement ce n’est pas si facile », plaide-t-il.

Un bilan de cette campagne sera réalisé en deux temps par le ministère. Une première estimation du nombre total d’élèves vaccinés pour la première dose sera d’abord réalisée durant le premier trimestre 2024. Le bilan complet sera lui connu à la fin de l’année scolaire. Dans le même temps, il sera possible d’estimer le nombre de jeunes vaccinés en ville sur la même période. « C’est sur la base des enseignements […]que les autorités procéderont aux adaptations éventuelles de la campagne vaccinale de l’année prochaine », souligne le ministère de la Santé.

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