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Partir avec François Sureau | Les Echos

Écrit par le 27 mars 2024


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Voix si grave qu’elle semble avoir été inventée par Bossuet pour ses oraisons funèbres, haute silhouette comme posée en à-pic de nos vies ordinaires, conseiller d’un Etat dont il est devenu le plus acharné à nous recommander de s’en méfier, moraliste qui ressource son intransigeance pascalienne dans le droit administratif, François Sureau est quelqu’un d’intimidant.

Ceux qui l’auront entendu parler de son nouveau livre, le regard en surplomb sur une actualité qui le porte peu à l’optimisme, le ton profondément désabusé lorsqu’il évoque la politique, pourraient se dire que cet académicien-là évolue sur des terres hors de leur portée. Ce serait très dommage, car « S’en aller », vagabondage d’un esprit fin à la curiosité insatiable, et à la culture inépuisable, autour des voyages – qu’ils aient accompagné les moments importants de son existence, ou qu’ils aient donné leur supplément d’âme aux oeuvres de ses écrivains de chevet – , est la garantie d’un rare plaisir de lecture.

Les surréalistes appréciaient les mots-valises, ici on serait plutôt en présence d’un livre-malle, tellement bourré de récits exotiques, de portraits hauts en couleur, de digressions humoristiques, que l’on repousse sans arrêt le moment de le fermer. Arthur Rimbaud, Paul Nizan, Joseph Kessel, Victor Hugo, Somerset Maugham, Graham Greene, Vladimir Nabokov, Pierre Loti, T.E. Lawrence et bien d’autres personnages du Panthéon des lettres s’essaiment sur les pages à côté des noms souvent oubliés de naturalistes, d’explorateurs ou de guerriers, sans jamais que cette galerie intime ne fasse l’effet d’un bric-à-brac.

Le style

Ce petit miracle a un nom : le style. Plutôt que d’en parler mieux vaut lui laisser la parole. Exemple : « Je suis heureux de vivre dans un monde intérieur où mes amis se connaissent » ; « comme nous ne savons rien de l’éternité, j’ai cherché dans le passé cet outre-temps qui me consolait d’être mortel » ; ou bien, évoquant Smara, ville du Sahara occidental : « les Français ne s’aventurent pas dans ce pays insoumis où les sabres luisent comme dans les légendes arabes ». Sans parler de ces remarques profondes – « le goût de l’exhaustivité est une passion de l’enfance » – , parfois en rebond d’un Proust, histoire d’esquisser un aveu : « Il n’est pas besoin de grandes épreuves pour épuiser une capacité de souffrir lorsqu’elle est grande. »

Partez sans hésiter avec « S’en aller », où les aventuriers, les espions, les soldats coexistent avec les poètes, les botanistes, et nos grands auteurs, où la Légion étrangère donne la réplique au « Journal officiel », où tant de passionnantes leçons de vie viennent nourrir une méditation sur le grand départ de la mort.

S’en aller

Essai

de François Sureau. Editions Gallimard, 288 pages, 21 euros.

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