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Plan Ecophyto: les indicateurs au coeur du débat

Écrit par le 9 février 2024


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Déminer un sujet devenu explosif. En réunissant lundi prochain les parties prenantes du Conseil d’orientation stratégique consacré au plan Ecophyto 2030 (représentants du secteur agricole, associations, collectivités, instituts scientifiques, etc.), le gouvernement va chercher un nouveau terrain d’entente sur la façon de réduire l’utilisation des pesticides dans l’Hexagone.

L’annonce d’une « mise sur pause » de ce plan lors des annonces de Gabriel Attal le 1er février avait suscité critiques et inquiétudes chez les défenseurs de l’environnement et au sein même de la majorité. Le Premier ministre avait alors notamment évoqué la nécessité de prendre « le temps de mettre en place un nouvel indicateur ».

Revendication forte

Une revendication forte, et de longue date, des céréaliers et de la FNSEA – au grand dam des ONG environnementales. Le débat peut paraître technique, il est pourtant loin d’être neutre. L’objectif affiché du plan Ecophyto 2030 est de réduire de 50 % l’utilisation des pesticides à cette date. Or selon l’indicateur utilisé, la courbe peut totalement changer de pente. Et modifier du tout au tout les efforts demandés aux agriculteurs.

Longtemps, la quantité de substance active (QSA), exprimée en tonnage, a été le seul indicateur utilisé. Le Nodu (pour nombre de doses-unité), aujourd’hui sur la sellette, a été imaginé lors de la mise en place du premier plan Ecophyto, en 2008 : il s’agissait de prendre en compte non plus seulement la masse comme dans la QSA, mais d’introduire une notion d’efficacité de la substance active.

« Une substance moins efficace devra être utilisée en plus grande quantité », explique Corentin Barbu, directeur de recherche à l’Inrae. Se baser seulement sur la quantité n’est donc guère pertinent. « Ce biais est corrigé par le Nodu qui pondère la quantité de substance active par la dose autorisée », souligne-t-il.

En d’autres termes, les quantités sont rapportés à la « dose de référence » définie pour une certaine surface lors de l’autorisation de mise sur le marché : le Nodu permet d’additionner des substances efficaces à des doses très différentes. « Le Nodu prend ainsi en compte l’efficacité du produit par rapport à son objectif. Son problème, c’est sa complexité (qui peut pourtant être éliminée facilement !) », reconnaît Corentin Barbu.

Nocivité des produits

La FNSEA ou les producteurs de produits phytosanitaires lui reprochent toutefois d’être franco-français et d’introduire des distorsions de concurrence avec nos voisins européens. Mais surtout, le Nodu ne tient pas compte de la toxicité des molécules, sur l’homme ou sur l’environnement. « Il met tous les produits dans le même sac, sans refléter les efforts des agriculteurs pour utiliser des produits moins nocifs », pointe Ronan Vigouroux, responsable environnement de l’association Phyteis, qui représente les fabricants de pesticides.

Personne ne nie cette limite. Les ONG environnementales, pour qui l’objectif doit être de se passer totalement à terme de pesticides, estiment toutefois que la question n’est pas là : selon elles, il ne faut pas changer de produits mais de pratiques agricoles. « Avec les résistances qui se développent, dans 20 ou 30 ans les pesticides n’auront plus d’effet ! », insiste François Veillerette, de l’ONG Générations Futures, qui milite pour le maintien du Nodu.

Pour Corentin Barbu, cette absence d’information sur la nocivité peut être contournée en considérant des sous-catégories du Nodu. Alors que le Nodu global a baissé de 11,5 % sur la période 2020-2022 par rapport à la moyenne 2015-2017, celui des seuls produits classés cancérigènes, mutagènes et reprotoxiques (CMR) et présentant un risque avéré (CMR1) a baissé de 96 %, et est aujourd’hui « proche de zéro » selon le ministère de l’Agriculture. La quantité de CMR2 (risque probable) utilisés a, elle, reculé de 34 % entre 2009 et 2022.

L’indicateur alternatif envisagé n’est pas non plus exempt de lacune : il s’agit de l’indicateur dit « de risque harmonisé européen », ou HRI1, déjà utilisé en Europe et envisagé dans le projet de règlement SUR que vient d’enterrer la Commission européenne .

Cet indicateur prend en compte la nocivité des pesticides, pour l’homme ou le milieu naturel : il répartit les substances actives en 4 catégories, auxquelles il affecte des coefficients de pondération (1 pour les moins nocives, 8 pour celles dont l’impact est « soutenable », 16 pour les agents CMR, et 64 pour les molécules interdites sauf dérogation). Mis en avant par les professionnels, le HRI1 reflète de fait une tendance plus avantageuse pour eux : il aboutit à une baisse de 38 % entre 2011-2013 et 2021.

Pas d’indicateur parfait

Problème, le HRI1 n’intègre plus la notion d’efficacité du produit. Or « 80 % des substances relèvent de la catégorie « impact soutenable » : pour celles-là, le HRI1 revient à ne considérer que la quantité », souligne Corentin Barbu. Certains lui reprochent également une mauvaise évaluation de la nocivité des produits. « Les coefficients utilisés ne reflètent pas la dangerosité. Dans certains cas, le HRI1 pénalise même l’agriculture bio ! », avance François Veillerette.

Il n’y a pas d’indicateur parfait, reconnaissent tous les acteurs du débat. Selon plusieurs sources, des réflexions sont en cours sur un indicateur hybride entre le Nodu et le HRI1. le gouvernement laisse les portes ouvertes à ce stade. « Ce qui est important, c’est que l’indicateur reflète notre objectif : réduire l’usage mais aussi les risques des pesticides », indique un conseiller au ministère de l’Agriculture. Un indicateur hybride, plusieurs indicateurs ? Ce sera justement l’objet des discussions de lundi.

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