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Pour la Fondation Abbé-Pierre, « la bombe sociale du logement a explosé »

Écrit par le 1 février 2024


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« Mes amis, au secours… Une femme vient de mourir gelée, cette nuit, à 3 heures, sur le trottoir du boulevard Sébastopol, serrant sur elle le papier par lequel, avant-hier, on l’avait expulsée… » Le 1er février 1954, l’Abbé-Pierre lançait son célèbre appel.

Soixante-dix ans plus tard, la fondation qui porte son nom dresse un constat encore alarmant du mal-logement en France, dans son 29e rapport sur le sujet publié ce jeudi. Son délégué général, Christophe Robert, estime même qu’en dépit des alertes, « la bombe sociale du logement a explosé » dans le pays.

330.000 sans-domicile

Le gouvernement n’a pris, d’après lui, « aucune décision d’ampleur » pour remédier à la crise, malgré les nombreuses propositions apportées par tous les acteurs de la filière dans le cadre du Conseil national de la refondation (CNR) pour le logement , qu’il a lui-même coprésidé l’an dernier. Et l’effort public pour le logement n’a jamais été aussi faible, à 1,6 % du PIB, à comparer à 2,2 % en 2010.

Résultat : 330.000 personnes sont aujourd’hui sans domicile dans le pays. Et les structures d’hébergement d’urgence saturent. « Chaque soir, en novembre dernier, 8.000 personnes qui appelaient le 115 étaient refusées, dont 1.400 mineurs », indique Christophe Robert. Ce chiffre est redescendu à 4.500 personnes en janvier, grâce à l’ouverture de nouvelles places. Mais cela reste insuffisant, et « il y a aussi des gens qui n’appellent même plus, à force de refus », s’alarme-t-il.

A ce titre, le ministre de la Transition écologique, Christophe Béchu, a tout de même tenu à rappeler que le budget alloué par l’Etat à l’hébergement d’urgence « atteint un niveau sans précédent avoisinant les 3 milliards d’euros par an ». Et que « la mobilisation des pouvoirs publics n’a jamais été aussi forte, avec une moyenne de 203.000 places d’hébergement d’urgence au cours des trois dernières années ». Soit plus de deux fois plus qu’il y a dix ans.

Régulation des meublés touristiques à la traîne

Cet hiver, néanmoins, a encore connu son lot de morts à la rue. Mais au-delà de ces situations extrêmes et dramatiques, de nombreux ménages éprouvent de vraies difficultés à se loger, et à se loger décemment, à des prix abordables. 600.000 vivent dans des logements indignes. 2,6 millions sont en attente d’un logement social. « On n’avait jamais vu ça », s’inquiète le délégué général.

La production de nouveaux HLM est en berne. En 2023, 82.000 agréments ont été délivrés, à comparer à 124.000 en 2016. La faute, notamment, selon la Fondation Abbé-Pierre, à la réduction des loyers de solidarité (RLS) imposée par l’exécutif aux bailleurs sociaux – qui a mis à mal leurs capacités d’investissement.

Plus largement, c’est toute la chaîne de la construction de logements qui est grippée. Le nombre de mises en chantier a chuté à environ 287.000 sur un an, en 2023, à comparer à 435.000 en 2017. Et l’exécutif ne se fixe plus aucun objectif global de production. Même si le Premier ministre, Gabriel Attal, vient de promettre un « choc d’offre » dans le cadre de son discours de politique générale.

Dans le résidentiel ancien, le niveau élevé des prix grippe le marché. Louer un bien dans le parc privé est devenu un vrai casse-tête, avec une offre qui a fondu de près de 60 % en cinq ans , au dire des professionnels, alors que la demande augmentait.

Absence de ministre

Une régulation plus forte des meublés touristiques – pour éviter la fonte du nombre de logements dédiés aux habitants sur certains territoires -, peine à voir le jour. Bien que le gouvernement s’y dise favorable depuis des mois.

« Ça traîne, ça traîne, alors qu’il faudrait des mesures rapides », poursuit le délégué général de la Fondation Abbé-Pierre. L’exécutif a bien apporté son soutien à une proposition de loi sur le sujet, adoptée en début de semaine par les députés en première lecture, mais il a souhaité temporiser sur la fiscalité.

Si de nouvelles villes ont été autorisées à user de l’encadrement des loyers, Christophe Robert regrette que ce dispositif ne reste qu’expérimental, pour les communes qui le souhaitent. Et que les candidatures soient « aujourd’hui fermées ».

Cette situation générale a, selon lui, des conséquences dramatiques pour les plus fragiles. « La baisse du nombre de logements abordables met sous pression la politique du logement d’abord », regrette-t-il. Cette politique, qui vise à sortir de la rue des personnes sans domicile , pour leur offrir un logement pérenne.

Inquiétudes sur la loi SRU

Dans ce contexte, l’absence de décision quant à la nomination d’un ministre délégué ou d’un secrétaire d’Etat dédié au Logement est vécue comme une dramatique perte de temps. Le discours du Premier ministre, mardi, n’a pas été non plus de nature à rassurer la fondation, Christophe Robert y voyant même une provocation.

Gabriel Attal a proposé d’inclure le logement intermédiaire – destiné aux classes moyennes – dans le quota obligatoire de logements sociaux imposé par la loi SRU dans un certain nombre de villes. « Un bien mauvais coup porté à la loi », a estimé le délégué général, qui a rappelé que déjà, près de deux tiers des villes ne la respectent pas.

Plus de 600.000 logements indignes en France

Les politiques publiques menées pour résorber l’habitat indigne dans le pays n’ont pas suffi à endiguer le phénomène. Si un chiffrage est difficile, la Fondation Abbé-Pierre estime à plus de 600.000 le nombre de ces logements pouvant nuire à la santé, à la sécurité et à la dignité de leurs occupants. « C’est aussi un symptôme de la crise du logement », insiste Manuel Domergue, le directeur des études de l’organisation.

Un projet de loi sur le sujet a été adopté en première lecture à l’Assemblée nationale, et « cela va dans le bon sens », estime-t-il. Mais pour lui, il manque des acteurs sur le terrain pour accompagner les ménages et les collectivités.

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