Pourquoi l’application WhatsApp risque d’être interdite au Royaume-Uni

Un projet de loi britannique espère rendre les échanges chiffrés de bout en bout accessibles pour y chercher d’éventuelles preuves de délits. Mais WhatsApp s’y refuse.
WhatsApp a dit non, quitte à risquer un bannissement au Royaume-Uni. Un projet de loi britannique – Online Safety Bill – souhaite rendre le chiffrement de bout en bout moins opaque. L’objectif serait de rendre la détection de contenus illégaux possible au sein des échanges chiffrés. Une ligne infranchissable pour WhatsApp, indique le quotidien britannique The Independent.

L’application du groupe Meta (propriétaire de Facebook et Instagram) applique le chiffrement de bout en bout par défaut à toutes les conversations. Cela signifie que seuls les participants à un échange peuvent y avoir accès. Ainsi, même WhatsApp est incapable de savoir ce que deux utilisateurs s’envoient au sein d’une conversation sur la messagerie.
Nuire à la protetion de la vie privée
La seule entrave à ce principe survient lorsqu’un message est signalé comme inapproprié. La modération de WhatsApp peut alors accéder aux quatre messages précédents pour vérifier le contenu des échanges. Cette vérification peut être réalisée par une intelligence artificielle, mais aussi par des membres des équipes de modération.

Le responsable de l’application, Will Cathcart a assuré qu’il ne comptait pas dégrader son système actuel. Il s’est dit choqué que cette proposition puisse nuire à la protection de la vie privée mise en place par WhatsApp. Selon lui, de telles demandes n’ont émané que de « gouvernements qui essayaient de réprimer la capacité de leurs citoyens à communiquer librement ».
Le responsable de la messagerie indique n’avoir reçu aucune demande pour retirer le chiffrement de bout en bout de son application pour le moment.

Des solutions de contournement
Pourtant, le projet de loi, proposé à l’origine par Boris Johnson, est actuellement en cours d’examen au Parlement britannique. Il pourrait obliger les applications à analyser les échanges à la recherche de contenu terroriste ou pédopornographique. Une chose impossible à faire sans détériorer le chiffrement de bout en bout.

Or, WhatsApp souligne que l’affaiblissement du chiffrement de bout en bout ne pourrait pas se faire localement. Une telle mise en œuvre au Royaume-Uni devrait s’appliquer de la même manière partout dans le monde. Will Cathcart a annoncé qu’il ne se soumettait donc pas à une demande de ce type.
Quant à envisager un bannissement de WhatsApp au Royaume-Uni, le responsable de l’application a refusé de spéculer sur cette possibilité. Il s’est contenté de rappeler que des pays ont déjà interdit le service de messagerie, notamment en Iran. Sauf qu’en pratique, les utilisateurs ont recours à des solutions telles que des VPN (des réseaux privés virtuels) pour contourner ces interdictions.

Pierre Monnier BFMTV