RSE : les salariés « ecotafeurs » veillent au grain

EDF se serait sans doute volontiers passé de cette polémique. Début mars, la cellule d’investigation de Radio France a révélé la gronde provoquée en interne par la signature d’un contrat avec l’Arabie Saoudite pour la construction d’une centrale hydroélectrique destinée à alimenter Neom, cette mégalopole futuriste en plein désert . Que beaucoup considèrent comme un non-sens écologique. Une enquête interne réalisée en 2022 a révélé que 78% des salariés du Centre d’ingénierie hydraulique considéraient ce projet « contraire à la responsabilité sociétale d’EDF » et 80% que le risque était « fort » pour l’image du groupe. Après une première alerte éthique qui n’a pas été suivie d’effet, FO demande aujourd’hui la création d’un « droit de retrait environnemental et éthique ».

Ecart entre les discours et les actions

Cette affaire prouve, s’il en était encore besoin, que les salariés estiment désormais avoir un droit de regard sur la politique environnementale de leur entreprise. Et qu’ils n’hésitent plus, le cas échéant, à manifester leur désapprobation. De fait, d’après un sondage Ifop (Zurich-« L’Opinion ») publié en décembre dernier, 32% d’entre eux constatent un écart important entre les discours affichés par leurs directions et les actions réellement mises en oeuvre. Et 44% un écart léger. Qui plus est, une autre enquête, réalisée par Elabe pour l’Unedic en avril 2023, révélait que, pour 44% des sondés, des pratiques allant à l’encontre de la transition écologique pourraient être un motif de départ.

Printemps écologique

Même si ces chiffres sont à prendre avec des pincettes, le message subliminal est clair : il ne suffit pas d’organiser une session de la Fresque du climat, ce jeu voué à sensibiliser les participants aux enjeux climatiques et qui a connu un franc succès en entreprise , pour se dédouaner de tout autre engagement. Baptisés les « écotafeurs », les salariés les plus motivés peuvent s’appuyer sur des réseaux comme Les Collectifs qui visent à accélérer la transition écologique de l’entreprise de l’intérieur. Un nouveau syndicat, Printemps écologique, opérationnel depuis 2022, tente même de fédérer autour de ces enjeux. Pour que la RSE ne se résume pas à une simple posture.

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