SONDAGE EXCLUSIF – Edouard Philippe, la lente érosion du favori de l’opinion

Il le savait en quittant Matignon. Il n’est jamais facile de faire fructifier dans la durée un capital sympathie dans l’opinion. Depuis qu’Edouard Philippe n’est plus Premier ministre, il demeure pourtant, mois après mois, premier dans le classement des personnalités politiques du baromètre Elabe pour « Les Echos ».

Mais après avoir bénéficié de plus de 50 % d’image positive auprès des Français, la cote du président et fondateur du parti Horizons est victime d’une lente érosion. En baisse encore de 3 points, elle est tombée ce mois-ci à 40 %, avec une enquête de terrain réalisée avant la publication par « Le Monde » des informations sur les perquisitions à la mairie du Havre dans le cadre d’une enquête ouverte par le parquet national financier.

Le dilemme de celui qui se prépare pour 2027

En septembre 2020, deux mois après avoir quitté ses fonctions de Premier ministre, le maire du Havre bénéficiait de 54 % d’image positive. En juin 2022, après la réélection d’Emmanuel Macron, Edouard Philippe disposait encore de 47 % d’image positive, mais en avril 2023, au moment de la réforme des retraites, il atteignait 42 %.

« L’érosion a commencé en 2022 et on ne peut exclure, avec la baisse d’avril 2023, qu’il soit associé dans la tête des Français avec le sujet des retraites », relève Bernard Sananès, président d’Elabe, qui explique une partie de cette érosion par une baisse de l’image du président d’Horizons auprès des cadres et des retraités, qui sont pourtant ses zones de force.

« Le fait de devoir être présent de temps en temps pour s’exprimer aboutit aussi à se mettre à dos des gens avec ses positions et puis, avec Gabriel Attal, il n’est plus en situation de l’unique dauphin . Certes, il est bien placé mais il n’est plus tout seul », poursuit le sondeur.

Bernard Sananès analyse ainsi le dilemme auquel est confronté depuis juillet 2020 Edouard Philippe : « Est-ce qu’il faut qu’il parle, au risque de perdre du terrain en agaçant avec ses positions, ou ne pas parler, au risque de se faire oublier ? »

C’est le délicat dosage que doit sans cesse faire celui qui dit se préparer pour 2027 et qui réunit d’ailleurs ce vendredi à huis clos les cadres de son parti à Besançon avant d’y tenir une réunion publique pour les élections européennes avec la tête de liste de la majorité présidentielle, Valérie Hayer.

Pole position chez les plus de 50 ans

Malgré cette érosion, l’ancien Premier ministre garde la pole position auprès des Français âgés de plus de 50 ans. Il est nettement en tête auprès des électeurs d’Emmanuel Macron avec 77 % d’image positive, 20 points devant Gérald Darmanin et Bruno Le Maire. Le maire du Havre est aussi le plus populaire auprès des électeurs de Valérie Pécresse (61 %).

Et il est en tête également auprès des catégories socioprofessionnelles aisées mais se retrouve devancé par Marine Le Pen et Jordan Bardella auprès des autres et très largement auprès de leurs électeurs. « Il porte malgré tout à leurs yeux, explique Bernard Sananès, le bilan du macronisme. »