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Sport : le français Rebond lance enfin le ballon recyclable

Écrit par le 16 avril 2024


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Entre l’Euro de football en Allemagne et les Jeux olympiques et paralympiques de Paris, le ballon, sous toutes ses formes, sera en vedette cet été 2024. Objet fédérateur par excellence, il est le symbole du langage universel du sport : prenez deux gamins nés à l’opposé du globe, placez un ballon entre eux, et l’on peut parier qu’ils se mettront à échanger des passes à la main ou au pied, faisant fi de toute différence culturelle. Mais derrière ce discours optimiste prisé des instances officielles du sport, le ballon masque sous ses coutures une réalité plus sombre. Celle de son bilan environnemental.

C’est la découverte que fait Simon Mutschler, il y a une quinzaine d’années. A l’entrée de sa vingtaine, ce passionné et pratiquant de l’ovalie s’interroge sur le design austère des ballons. « Avec un ami, nous ne comprenions pas qu’il n’y ait pas de graphismes, alors que le design prenait de l’importance dans les biens de consommation », raconte-t-il. Simon Mutschler entame alors de très sérieuses études de marché sur les ballons, et notamment sur le plus utilisé au monde, celui de foot. Ses pérégrinations le mènent jusqu’au Pendjab, en Inde, qui fut jusque dans les années 2010 et l’arrivée de la Chine sur le marché, la principale région productrice de ballon de foot dans le monde avec un savoir-faire éprouvé remontant à la période coloniale anglaise.

La societe Rebond, soutenu pour l'ancien joueur de football Djibril CISSE, ici avec Simon Mutschler

La societe Rebond, soutenu pour l’ancien joueur de football Djibril CISSE, ici avec Simon MutschlerPierre Olivier / M6

Simon Mutschler découvre ainsi, sous son apparente simplicité, la technicité de cette sphère qui déchaîne tant de passions. Mais surtout, il prend connaissance de son effroyable composition – car il n’y a plus une once de cuir dans un ballon de foot, n’en déplaise aux nostalgiques. « La couche externe est faite en PVC ou en PU, deux produits pétrochimiques. Pour la couche de mousse en dessous, cela dépend des ateliers, mais elle est fabriquée à partir de matière fossile, de même pour la troisième couche, l’entoilage, détaille le trentenaire. Seule la vessie qui permet le gonflage est parfois en caoutchouc. » Bref, le ballon de foot n’est qu’un amas de plastique.

Balles en résidus de blé

Si les sources divergent, les quelques chiffres à disposition donnent une idée de l’enjeu, qui n’est pas minime étant donné la popularité de l’accessoire. La marque Vista affirme que les ballons génèrent chaque année 27.000 tonnes de déchets dans le monde, tandis que chaque sphère pourrait émettre entre 2 et 7 kg de CO2, selon les calculs de l’Union française des oeuvres laïques d’éducation physique (Ufolep) ou de l’Ademe – alors que le produit fini pèse environ 450 grammes. En France, Simon Mutschler estime que les seuls clubs amateurs – environ 15.000 – en useraient un million chaque année, et ce sans compter les ballons utilisés par les ligues professionnelles ou achetés par les particuliers. L’imbrication de couches de matériaux multiples rend impossible tout recyclage et l’absence de réglementation nationale ou européenne sur cet objet rend possible certaines dérives, avec notamment la présence attestée de perturbateurs endocriniens, comme les phtalates, dans certaines encres ornant les ballons, avec lesquels des milliers voire des millions d’enfants sont régulièrement en contact.

Tout était donc à revoir. Après une dizaine d’années à poursuivre ses recherches et à occuper plusieurs postes dans l’industrie du ballon, Simon Mutschler franchit le pas et fonde en 2019 l’entreprise Rebond. L’objectif est simple : fabriquer un ballon qui soit monomatière, donc recyclable, composé de matières durables et répondant aux exigences techniques de la Fédération internationale de football association (Fifa).

Et après plusieurs années de R&D, le pari serait en passe d’être réussi. « L’enveloppe, la mousse et l’entoilement sont faits d’une seule matière, du plastique biosourcé à 84 % issus de résidus de la culture du soja ou du blé, fait savoir le fondateur de Rebond. La vessie est faite en caoutchouc naturel et elle peut s’enlever facilement. Le tout est entièrement recyclable et les matériaux peuvent être à nouveau utilisés dans la fabrication d’un nouveau ballon. » L’ensemble respecte le cahier des charges de la Fifa, après un passage impitoyable en « salle de shoot » où le ballon est étudié sous toutes ses coutures après avoir servi à effectuer pas moins de 2.000 tirs.

Made in France et India

Basée à Nantes, Rebond a mis en place un écosystème à cheval sur deux pays, la France et l’Inde. La matière première biosourcée est produite dans l’Hexagone, où se situe également un atelier de production sis dans une fabrique de chaussures en Loire-Atlantique. Deux autres sites sont installés au Pendjab. « Les deux pays sont complémentaires, affirme Simon Mutscher. Les ateliers pendjabis nous apportent leur savoir-faire dans la fabrication du ballon, et les sites français amènent leur expertise en R&D sur les matériaux alternatifs. C’est gagnant-gagnant. »

Rebond

Afin de faire connaître sa marque, Rebond a lancé fin 2022 une initiative ambitieuse, en proposant des ballons stylisés par plusieurs artistes à une vingtaine de clubs professionnels, dont le Paris Saint-Germain, l’Olympique Lyonnais, l’Olympique de Marseille, le FC Nantes ou encore le Montpellier Hérault Sport Club. De quoi vendre quelques dizaines de milliers de sphères délicatement ornées et s’assurer un premier exercice rentable en 2023, avec 250.000 euros de chiffres d’affaires.

La marque a ensuite connu un premier succès officiel en devenant le fournisseur de ballons, jusqu’en 2025, du Tournoi de Montaigu, la coupe du monde des moins de 17 ans. Et elle a réussi à attirer dans ses filets Djibril Cissé, ancien international français. Reste maintenant à passer le cap de l’industrialisation et de la commercialisation à grande échelle.

Au tour du basket et du rugby

Ballon de rugby illustré par Antoine Corbineau.

Ballon de rugby illustré par Antoine Corbineau.Rebond

Pour ce faire, Rebond prépare actuellement une levée de fonds de 450.000 euros, avec plusieurs objectifs. « Nous voulons finaliser le circuit de recyclage en récupérant le matériau de nos ballons pour en faire de nouveaux, nous voulons signer des contrats avec des grosses centrales d’achat pour que nos produits soient largement distribués et obtenir la licence Fifa pour nos ballons afin qu’ils puissent être utilisés en compétition officielle », résume le fondateur. Première cible, les 15.000 clubs amateurs, dont une vingtaine ont déjà signé un contrat avec la marque.

Avec un ballon annoncé à 24 euros, Rebond se veut d’ores et déjà compétitif. « Nous avions envoyé un questionnaire aux clubs et 400 d’entre eux nous ont répondu avoir un budget d’environ 25 euros par ballon », assure Simon Mutscher. La société met également en place un circuit de collecte permettant, à chaque fin de saison, de récupérer ses produits pour les envoyer au recyclage. Les particuliers, eux, peuvent renvoyer le ballon usagé à Rebond contre un bon de réduction de 10 % sur la prochaine commande.

Et la marque ne souhaite pas en rester là. Elle s’attaque désormais aux ballons de rugby et de basket. « Jusqu’à présent, nous nous étions concentrés sur le foot car c’est l’accessoire le plus technique et qui contenait le plus de matériaux pétrochimiques, précise l’entrepreneur. Les ballons de rugby et de basket sont composés de davantage de matériaux biosourcés, avec notamment plus de caoutchouc, bien qu’ils utilisent aussi des ingrédients pétrochimiques. » Avec bient ôt, pourquoi pas, la possibilité de jeter les ballons dans la poubelle jaune ?

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