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David Geselson rallume la planète à la MC93

Écrit par le 1 avril 2024


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Il faut faire attention à ne pas trébucher sur les marches mais une guide bienveillante, munie d’une lanterne, nous montre le chemin des gradins. La petite salle de la MC93 est plongée dans une quasi-obscurité avant que soit donnée « Une pièce pour les vivant.e.s en voie d’extinction. ». Un projet de « théâtre durable », présenté en 2019 au Théâtre Vidy-Lausanne, qui bannit l’électricité mais aussi les tournées, consommatrices d’énergie.

L’idée vient de la Britannique Katie Mitchell qu’on a connue plus dispendieuse dans ses précédentes créations (décors luxueux, vidéo) mais qui s’est ici résolument convertie à l’ascétisme écologique. Le spectacle est un genre de franchise qui, pour rayonner sur la planète, doit être recréé par un metteur en scène local. En France, c’est David Geselson qui reprend le flambeau.

Le délicat metteur en scène a adapté le texte de l’Américaine Miranda Rose Hall et conçu un dispositif original d’éclairage à la bougie, utilisant de grandes lanternes miroirs en forme de fleur. Il a confié l’interprétation de la pièce (un monologue) à une femme « non issue de la majorité visible de son pays » comme le voulait Katie Mitchell, en l’occurrence à l’excellente Juliette Navis (notre guide à l’entrée de la salle). Et il a fait appel à un violoncelliste pour créer une atmosphère mélancolique.

Conteuse et pédagogue

Ce qui aurait pu ressembler à un exercice scolaire de théâtre militant s’avère un geste poétique et politique éloquent. Tout commence par une fausse annonce : Juliette Navis explique au public que la représentation est annulée, le metteur en scène étant retenu auprès de sa mère souffrante. A la demande de ce dernier, elle va néanmoins, en tant que « dramaturge » de la compagnie, nous raconter le spectacle auquel nous aurions dû assister. Elle se meut ainsi en conteuse et pédagogue pour nous alerter sur la « sixième extinction de masse » qui menace la planète.

Maniant les bougies, transformées en autant d’étoiles, la comédienne rejoue la création du monde, la naissance du vivant, les glaciations, l’émergence des espèces, la disparition de certaines d’entre elles… Le tout est ponctué d’anecdotes intimes nous ramenant à nos liens avec la Nature. Son récit morcelé converge vers l’évocation du risque actuel d’une nouvelle déflagration fatale, causée cette fois par l’inconséquence des hommes. Grave, émouvant, le propos n’est pas pour autant désespéré. Il incite plutôt à se ressaisir, à renouer avec le collectif et l’humain pour éviter l’apocalypse.

A la fin de la pièce, Juliette Navis éteint une à une les bougies, comme autant d’espèces disparues. La salle est replongée dans l’obscurité mais les spectateurs, composés pour une bonne part d’ados, font passer un courant électrique, applaudissant à tout rompre. Le théâtre, ce soir, leur a donné envie de rallumer le monde.

Une pièce pour les vivant.e.s en temps d’extinction

Théâtre

de Katie Mitchell & Miranda Rose Hall

Adaptation et mise en scène de David Geselson

MC93, Bobigny, www.mc93.com

Jusqu’au 7 avril, 1 h 20

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