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Environnement : le prix Art Eco-conception veut encourager les créations durables

Écrit par le 11 avril 2024


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La vaste mezzanine gris béton du Palais de Tokyo bruissait ce soir-là d’un aréopage insolite, mêlant artistes, experts carbone et acteurs du monde de l’art. Tous réunis le 2 avril pour la seconde édition du prix d’Art Eco-conception, remis à douze lauréats *. Outre une formation à l’éco-conception, ceux-ci reçoivent une gratification de 1.000 euros.

Inédite, cette distinction vient récompenser non pas une oeuvre particulière, mais former des artistes soucieux de leur impact environnemental. Ils sont de plus en plus nombreux en effet, à s’interroger sur les moyens techniques et éthiques d’entrer en cohérence avec les enjeux écologiques du monde. Cette année, 356 candidatures ont été recueillies par le comité de sélection. Quelles sont les possibilités offertes par l’éco-conception ?

Une approche systémique

Cette méthodologie analyse toutes les étapes en jeu lors de la création d’une oeuvre : les matériaux utilisés, leur provenance, les moyens de production, le transport et stockage, toutes les dépenses liées à l’exposition et à la communication. Cette approche systémique permet d’aller plus loin qu’une simple réflexion sur les matériaux et de prendre en compte la globalité du cycle de vie d’un projet. Elle touche ainsi tout l’écosystème artistique (galeries, foires, centres d’art et musées…) dans lequel les oeuvres sont susceptibles d’évoluer.

« Penser en cycle de vie est un raisonnement », explique Alice Audouin, fondatrice et présidente de l’association Art of Change 21 et consultante en développement durable. « Les artistes reçoivent une formation sur leurs pratiques, mais dans un contexte dynamique et de partage avec des experts et des artistes. La finalité de cet enseignement, outre faire baisser l’impact de leurs pratiques, est de les sensibiliser de telle sorte qu’ils deviennent acteurs et responsables. Ils vont porter une forme de vigilance dans leurs pratiques et assurer une cohérence. »

Un éventail d’experts

Pour cela, des expertes telles que Fanny Legros (Karbone Prod) et Emmanuelle Paillat apportent le socle de l’éco-conception en prodiguant une valise d’outils, notamment le calcul du bilan carbone annuel. Le nombre d’experts de cette année a été renforcé et des « experts métiers » sont apparus. La sculptrice textile Desire Moheb-Zandi pourra ainsi bénéficier des conseils de Clément Bottier, designer en textile durable. L’artiste et lauréate Alice Magne, déjà engagée dans la teinture naturelle, se réjouit d’échanger bientôt avec Marie-Sarah Adenis, artiste biologiste. Cette dernière développe un projet, Pili, pour fabriquer des couleurs hautement décarbonées en cultivant des bactéries.

Les artistes primés ont des degrés d’engagement divers dans leurs pratiques. Et leurs oeuvres ne traitent pas forcément d’environnement. Le jury, composé de personnalités du monde de l’art, sélectionne paradoxalement des projets porteurs d’impact. Une majorité d’entre eux concerne ainsi des installations qui comportent une diversité de matériaux.

Un contexte d’urgence

Ce prix d’un genre nouveau s’insère dans un contexte culturel où les initiatives se multiplient. En 2022, la foire Art Paris avait été entièrement pensée dans une démarche d’écoresponsabilité, et avait fait de la nature et l’environnement son thème central. Aux manettes ? Alice Audouin et l’association Art of Change 21, qui relie l’art contemporain et les grands enjeux environnementaux depuis plus de dix ans. A travers des actions et des expositions (notamment lors des COP), elle défend le rôle des artistes et de la créativité dans la transition écologique. Elle avait déjà créé le prix Planète solidaire en 2021 pour aider financièrement 21 jeunes artistes engagés.

L'équipe d'Art of Change 21 présidée par Alice Audouin

L’équipe d’Art of Change 21 présidée par Alice AudouinSayWho Michael Huard

Ce n’est pas un hasard si le prix Art Eco-Conception est soutenu par la maison de champagne Ruinart, engagée dans la lutte contre le réchauffement climatique et soutien du monde artistique. Ni s’il s’est choisi pour partenaire le Palais de Tokyo dont l’ambition est d’être, comme le proclame son directeur Guillaume Désanges, « un centre d’art durable et résolument vivant, une institution permaculturelle qui valorise, au-delà de l’écologie comme un sujet, une écologie des pratiques ». Le parfumeur Guerlain et l’Agence de la transition écologique (Ademe) apportent également leur concours.

L’écologie au coeur des oeuvres

Au-delà du prix, l’association Art of Change 21 prévoit de publier cet été un guide en ligne destiné à tous les artistes pour apporter des outils et informations sur l’éco-conception, ainsi qu’une plateforme d’échange. « La question environnementale, au-delà des process, va entrer dans le champ de compréhension du monde et de dialogue avec le monde. Les enjeux environnementaux ne seront plus absents du mode de pensée des artistes », affirme Alice Audouin.

Les bonnes pratiques de certains artistes réjouissent déjà par leur inventivité. L’artiste franco-suisse Julian Charrière fournit l’énergie solaire de son exposition en Allemagne, le sculpteur français Théo Mercier emprunte le sable sourcé localement de ses sculptures, le plasticien français Xavier Veilhan choisit un bateau à voile pour transporter son exposition vers la Suède…

* Les lauréats du prix Art Eco-conception 2024 : Assoukrou Aké, Amandine Arcelli, Alizée Armet, Victor Cord’homme, Lélia Demoisy, Julia Gault, Ittah Yoda, Alice Magne, Desire Moheb-Zandi, Ouazzani Carrier, Jonathan Potana, Adrien Vescovi.

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