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La marche funèbre de « Macbeth » au Français

Écrit par le 29 mars 2024


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Le « Macbeth » de Silvia Costa commence en beauté. Sa mise en scène à la Comédie-Française s’ouvre sur un prélude fantastique avec une Lady Macbeth en sorcière chevelue, méditant son avenir meurtrier devant le rideau rouge. Puis ce rideau se lève sur un fascinant pays blanc où titube le vieux roi Duncan…

La scène des sorcières, lors de laquelle elles délivrent leurs prédictions fatales, donne lieu à un éblouissant tourbillon fantomatique. Macbeth, gagné à l’idée qu’il va bientôt être roi s’il s’en donne les moyens criminels, se retrouve encerclé d’une couronne d’or géante… Par cette entrée en matière, riche en images fulgurantes, la créatrice italienne qui fut longtemps la complice du dramaturge plasticien Romeo Castellucci nous plonge avec brio dans la tragédie de Shakespeare, installant une atmosphère hallucinatoire inédite.

Las, le spectacle souffre ensuite du drôle de parti pris pour traiter le fond de la pièce – raccourcie et resserrée autour des personnages principaux. Le bruit et la fureur épiques du grand Will sont étouffés par le cadre religieux feutré imposé. Vêtus d’habits ecclésiastiques, nos héros évoluent de manière hiératique dans un sombre décor d’église.

En prenant une dimension rituelle, les meurtres de Lord et Lady Macbeth perdent de leur sauvagerie. La terreur se dissout dans une torpeur et un temps dilaté. La scène du banquet, quand Macbeth est le seul à voir le spectre sanglant de son ami Banquo qu’il vient d’assassiner, se défait de de sa démesure, jouée collée-serrée dans un confessionnal. Quant à Macduff, futur sauveur du royaume, il a une allure christique appuyée, avec ses longs cheveux blonds, sa barbe et sa robe immaculée.

Rapports sulfureux

Parallèlement à cette relecture mystique, Silvia Costa creuse à l’envi le filon des rapports sulfureux du couple, mari-femme stériles, amants impuissants, mère-fils incestueux, dissipant à force le mystère des personnages. Si Julie Sicard tire à peu près son épingle du jeu en Lady survoltée, Noam Morgensztern est plus à la peine pour incarner un Macbeth faible et pusillanime, tour à tour homme sans qualité, enfant suçant son pouce, roi en sursis qui ne sait plus sur quel pied danser.

Le public, au départ fasciné, voire envoûté, se lasse peu à peu de cette marche funèbre monotone, plus chargée de symboles que d’émotion. La tension dramatique progresse peu. A l’instar de la forêt de Durham, dont l’avancée annonçant la chute de Macbeth est tout juste évoquée par la tombée d’une herse en forme d’orgue. Macbeth se tord de douleur, meurt avec un poupon fantôme à son côté. Le livre d’images se referme lourdement sur un spectacle aussi déroutant qu’inabouti.

Macbeth

Théâtre

d’après Shakespeare

Mise en scène et adaptation de Silvia Costa

Paris, Comédie-Française (Richelieu)

www.comedie-francaise.fr

Durée : 2h15

Du 26 mars au 20 juillet

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