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« L’Affaire Abel Trem » : passe ton bac d’abord

Écrit par le 26 mars 2024



Les films sur l’éducation, à l’exception des comédies potaches utilisant la toile de fond scolaire comme un prétexte pour aligner des gags pachydermiques, reflètent toujours les réalités sociales et politiques de leur époque. Et ce constat ne vaut évidemment pas que pour le cinéma français. La preuve avec « L’Affaire Abel Trem », redevable au metteur en scène hongrois Gabor Reisz, qui sort dans les salles le même jour que « Pas de vagues », de Teddy Lussi-Modeste, fiction puissante sur un prof de français accusé à tort de harcèlement.

Dans ce film acide, le cinéaste ne choisit pas un éducateur comme personnage principal, mais un lycéen ordinaire : Abel Trem. Né dans une famille bourgeoise qui soutient inconditionnellement le régime en place de Viktor Orban, cet adolescent, au grand désespoir de son père, affiche un goût modéré pour les études et s’apprête à passer les épreuves du bac en espérant que la chance soit de son côté. Malheureusement pour lui, elle ne l’est pas.

Fractures et absurdité

Recalé à son oral d’histoire par un jury qui ne peut que constater le niveau abyssal de ses connaissances, l’infortuné Abel, plutôt que de confesser à sa famille les raisons de son piteux échec, préfère mentir. L’adolescent, qui se désintéresse de la politique, prétend avoir été mal noté car il arborait sur sa veste une cocarde nationaliste, un emblème qui aurait fortement déplu à ses examinateurs.

A la suite d’événements dont il convient de ne rien dire, cette affaire d’une effarante médiocrité devient un scandale national, l’objet d’un débat qui enflamme les médias (a-t-on le droit de mal noter un élève en raison de son patriotisme exacerbé ?) et il n’est pas dit que le très fragile Abel ne soit pas contraint de repasser son bac devant les caméras de télévision.

Gabor Reisz, qui signe ici son troisième film (les deux premiers sont inédits en France), ne manque ni d’humour ni d’imagination. Divisée en plusieurs chapitres correspondant aux personnages principaux gravitant autour d’Abel – son père prêt à toutes les compromissions, une jeune journaliste en quête de scoops, un prof d’histoire opposant à Orban -, « L’Affaire Abel Trem » décrit avec une ironie vacharde et un sens très sûr de l’absurde les fractures de la société hongroise. Malgré ses longueurs et ses préciosités (le cinéaste abuse de digressions qui compliquent son récit), cette fiction offensive et buissonnière fait preuve d’une heureuse singularité.

L’Affaire Abel Trem

film hongrois

de Gabor Reisz.

Avec Gaspar Adonyi-Walsh, Istvan Znamenak, Andras Rusznak. 2 h 07.



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