Le monde nous regarde | Les Echos

Il faut bien un mental de champion olympique pour résister à cette pression-là : c’est sur les épaules de Tony Estanguet, 45 ans, triple médaillé d’or en canoë slalom, que repose la réussite des JO. Silhouette svelte, regard franc, sourire facile, verbe clair et ferme poignée de main : le président de Paris 2024 en impose. Et oppose aux ronchons un optimisme de la volonté. On lui demande si le stress le gagne. Il répond « envie d’y être », soucieux de véhiculer un message po-si-tif. Est-ce feint, est-ce travaillé ? Peu importe, Tony Estanguet fait le job, et plutôt bien, semble-t-il, naviguant avec fluidité entre les mondes du sport, de la politique et de l’entreprise.

L’homme rassure des Français pas si convaincus que ces JO seront un modèle d’organisation. Dans une récente enquête Ifop, 53% lui font confiance pour que cela se passe bien, plus qu’à Emmanuel Macron (41%). Plus préoccupé de son apparence qu’il ne veut bien le dire, le patron de Paris 2024 est aussi un ambassadeur. Il n’en fallait pas plus pour que, à 120 jours de la cérémonie d’ouverture, « l’homme de l’année » qui s’est confié à Philippe Besson figure en couverture de ce spécial Mode homme. Mesure-t-on combien le visage de Tony Estanguet contraste avec celui du Français de la rue ?

Samedi dernier, dans son éditorial de How To Spend It, supplément hebdomadaire du Financial Times, Jo Ellison notait ceci, depuis Saint-Germain-des-Prés : « les Français accueillent les Jeux avec leur ennui habituel. » Et notre consoeur de célébrer, elle, en Paris « la cité de la puissance ». Bien sûr, cela peut faire écarquiller les yeux de Parisiens assommés par tant d’interminables travaux. Mais, comme toujours, après ces épreuves de la vie ordinaire, nous serons fin prêts, le 24 juillet, pour les épreuves extraordinaires du sport. L’enjeu vaut bien quelques désagréments : ces JO 2024 seront pour la France un formidable outil de soft power. Le monde nous regarde. À nous aussi d’être à la hauteur.