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Le surprenant « Refuge » d’Alain Beaulieu

Écrit par le 12 avril 2024


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Prix du livre France/Québec 2023, « Le Refuge » d’Alain Beaulieu est un roman à plusieurs détentes. Son titre et sa couverture suggèrent une promenade littéraire bucolique dans la forêt québécoise, mais dès les premières pages on comprend que la balade ne sera pas de tout repos. Car dans cette petite maison forestière, où s’est retiré un couple en préretraite avide de tranquillité et de grand air, est survenu un drame.

Une nuit de juin sans lune, deux cambrioleurs s’introduisent dans la maison, menaçant Antoine, ancien prof de création littéraire à l’université, et Marie, sa femme éducatrice. Alors que les deux hommes s’enfuient, après avoir ravi quelques dollars, Antoine prend sa carabine, tire dans leur direction et abat l’un des deux. Au lieu d’appeler la police, le couple décide d’effacer les traces de leur crime et enterre le corps. Pas de nouvelles du complice, rien dans les journaux… Mais le poids de la culpabilité grandit. Le secret est trop lourd à porter. Deux ans après Antoine, décide de prendre sa plume et de tout raconter.

Ce ne sera pas une mince affaire. Car le cas de conscience vire peu à peu au thriller. Au-delà de la déprime qui les saisit tous les deux et qu’ils ont du mal à surmonter malgré l’amour qui les unit, Antoine et Marie sont confrontés à une série de révélations et de coups de théâtre qui vont tour à tour les soulager et les accabler. Leur retour en ville, dans le quartier Saint-Roch, ne réglera rien. L’écriture, seule, semble à même sinon de les sauver, du moins de les libérer… Une écriture double. C’est là que réside une des singularités du roman : les confessions d’Antoine, sont ponctuées de celles plus cash, plus subtiles aussi de Marie.

Art ou science

Alain Beaulieu qui a déjà publié une vingtaine de romans, se positionne ainsi à sa façon dans le paysage littéraire actuel. Il signe un roman « paritaire » certes, mais en n’hésitant pas à se mettre dans la peau d’une femme. A travers des personnages secondaires, comme Martin, un jeune voisin écrivain, ancien élève d’Antoine, ou des auteurs novices rencontrés lors d’une conférence à l’université, le romancier nous livre ses réflexions à la fois tendres, féroces et un rien désabusées sur le climat littéraire québécois et américain.

Par la voix de l’ancien prof, il pourfend la tendance à ne plus considérer la littérature comme un art, mais comme une science, « inscrivant l’acte d’écriture dans un système complexe de théories croisées ». Il dénonce « les courants dominants de la production littéraire contemporaine, intimisme bifurquant parfois vers un narcissisme exacerbé, angoisse pratiquement généralisée, questionnement omniprésent sur des identités de genre, recherche de repères sociaux ou culturels – souvent inexistants – évacuation du collectif et des emportements nationaux, conscience écologique qui tourne à vide ou s’empêtre dans les clichés. ». Sans pour autant exonérer les auteurs de la génération précédente (la sienne), qui avaient aussi « leurs lubies », dont « ils devaient rougir en regardant dans le rétroviseur.

La petite maison de la forêt d’Alain Beaulieu nous offre pas mal de surprises, entre sa double narration, ses différents registres romanesques et sa mise en abîme de la fiction contemporaine. A la fois OVNI et pont entre la littérature d’hier et d’aujourd’hui, il méritait à coup sûr ce prix franco-québécois.

Le Refuge

RoMan québécois

d’Alain Beaulieu

Liana Levi, 240 pages, 20 euros

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