Miami, la cité engloutie | Les Echos

Il y a un peu plus de quatre ans, en marge d’Art Basel Miami, l’artiste argentin Leandro Erlich avait créé sur la plage de « Magic City » une installation spectaculaire : un embouteillage de plus de 60 voitures sculptées dans le sable, destinées, forcément, à se désagréger sous l’effet de l’eau et du vent. Le message était limpide. Il s’agissait d’alerter sur la menace que fait courir le dérèglement climatique à notre mode de vie. Et, surtout, sur ce fossé qui sépare encore nos comportements de court terme et nos inquiétudes de moyen terme. Plus qu’aucune autre grande ville aux Etats-Unis, Miami – tête d’affiche de ce numéro « Partir » – en est le symbole.

Une fièvre sans précédent s’est emparée de la capitale économique de la Floride, depuis que, pendant le Covid, les hommes d’affaires de New York et Boston, attirés par les restrictions sanitaires « light », ont pris goût à la vie à l’ombre des palmiers et à l’abri de la fiscalité, rapporte notre reporter Virginie Jacoberger-Lavoué. Le havre des réfugiés cubains ou haïtiens se mue de plus en plus en paradis pour milliardaires, à l’image de Jeff Bezos, qui vient de s’y établir avec sa femme Lauren Sanchez.

L’immobilier flambe, le luxe y a pris ses quartiers, au sens propre. Miami devient la Suisse de l’Amérique ? En version festive. Combien de temps durera la fête ? C’est la question qu’il ne faut pas poser. Construite sur des marécages, Miami est, avec La Nouvelle-Orléans, aux avant-postes de la montée des eaux. Les données scientifiques ne laissent guère d’espoir. La situation n’est pas très difficile à comprendre. La ville est bâtie à peine plus d’un mètre au-dessus du niveau de la mer. Lequel va s’élever de près d’un mètre au cours des trente prochaines années. À Miami, future cité engloutie, ceux qui ont les moyens commencent à surélever leurs habitations et à s’installer sur les hauteurs. Après tout, l’avenir n’est jamais qu’une question de perspective…