Michael Douglas, brillant Franklin | Les Echos

Voilà une série passionnante sur l’une des figures les plus emblématiques de la Révolution américaine, la plus connue des Français après le marquis de La Fayette. Editeur, écrivain, journaliste, naturaliste, humaniste, l’un des rares abolitionnistes en son temps, savant, inventeur des lunettes à double foyer ou du paratonnerre, Benjamin Franklin, campé par un Michael Douglas au sommet de son art, a joué à la fin de sa vie un rôle crucial dans l’indépendance de son pays.

C’est d’ailleurs le seul « père fondateur de l’Amérique » à avoir signé les trois documents clés des Etats-Unis : la Déclaration d’indépendance, le Traité de Paris sur la fin de la guerre contre les Anglais et la Constitution américaine. En cette année d’élection présidentielle outre-Atlantique et de résistances du Congrès au soutien de l’Ukraine dans sa guerre contre la Russie , « Franklin » résonne étrangement avec l’actualité tout en nous plongeant dans les coulisses diplomatiques de cette époque.

Casting de rêve

Tirée de l’ouvrage « A Great Improvisation : Franklin, France, and the Birth of America » de Stacy Schiff, la série se concentre sur les dernières années du grand homme lorsqu’il est envoyé comme représentant de la jeune et précaire république américaine en France. Déjà septuagénaire et atteint par la goutte, le natif de Boston devenu imprimeur à Philadelphie débarque sur les côtes françaises fin 1776 pour convaincre le roi Louis XVI de financer la révolution des treize colonies contre les Anglais.

Cet homme des Lumières, aux mille facettes, va dès lors mettre à profit toute son expérience, son intelligence, son humour et sa grande popularité pour venir à bout des résistances de la cour. Des efforts de plus d’une année ponctués de fausses promesses, atermoiements, trahisons, espionnages de tous bords et coups bas… Mais également de nombreuses fêtes, dîners et galanteries que le vieil homme, libertin, affectionnait encore. D’ailleurs Benjamin Franklin, installé à Passy, se plaira tant en France qu’il y restera jusqu’en 1785.

Créée par Kirk Ellis et Howard Korder et réalisée par Tim Van Patten, cette série franco-américaine de belle facture offre des reconstitutions historiques dignes d’un film pour ses scènes de salon, de cour ou de théâtre, ainsi qu’un formidable écrin aux acteurs dans les scènes plus intimistes entre Franklin et son petit-fils fictif (Noah Jupe), la touchante Madame de Brillon (Ludivine Sagnier) ou encore le savoureux comte de Vergennes (Thibault de Montalembert), le très habile ministre des Affaires étrangères. Un biopic instructif et divertissant porté par un casting de rêve.